Cinq ans. C’est le laps de temps, remarquablement court à l’échelle des institutions, qu’il aura fallu pour que Vaud et Genève prennent totalement conscience que leur communauté de destin exigeait un changement profond de pratique politique. Avec des outils clairs pour leur permettre d’affirmer leur préséance sur la scène nationale.

En 2006, en effet, paraissait une étude fondatrice, un électrochoc salutaire, sous la forme du fascicule Le feu au lac, édité par le think tank Avenir Suisse. Pour la première fois, demanière aussi directe, on proclamait l’avènement inéluctable de la Métropole lémanique. Non sans constater l’absence de projet d’une gouvernancemétropolitaine.

L’annonce d’hier signe la fin de cette lacune, et le début d’une nouvelle ère. Ce ne sera décidément pas, comme le rêvait Philippe Pidoux voici une décennie, un nouveau canton. Balayée par le peuple, l’idée est dépassée par les événements. La Métropole lémanique n’a pas vocation à jouer les grands soirs de quelque visionnaire éclairé. Elle s’est construite par projets concrets, tout autant porteurs d’avenir: des hôpitaux jumelés, des hautes écoles cousines, des promotions économiques coordonnées, des infrastructures communes et, de plus en plus, des gouvernements qui pensent et travaillent ensemble.

Désormais, le pas décisif est franchi. En substance, laMétropole lémanique s’affirme comme le contrepoids au grand Zurich, seul en Suisse à régater aumême niveau. Le pôle lémanique s’estmis en ordre demarche, non seulement pour s’organiser comme tel,mais aussi pour revendiquer ce qui lui revient. Il se pose comme un fait: l’autre piliermajeur de la croissance suisse.

Il était temps. De grandes manoeuvres se préparent sur le front des investissements en matière de transports, et Zurich, fidèle à ses bonnes habitudes, n’a attendu personne pour poser de nouveaux jalons. A peine née, la Métropole lémanique doit passer à l’action.

 

Cet article est paru dans «24 heures» du 10 novembre 2011.