Nicolas Sarkozy exige une taxe sur les transactions financières parce qu’elle serait «moralement incontournable ». Cette instrumentalisation des valeurs par la politique inquiète Christoph Frei, professeur à l’Université de Saint-Gall, et l’un des auteurs du dernier ouvrage collectif d’Avenir Suisse et de l’IVV Kôln, présenté vendredi à Zurich.

Le professeur observe que les libéraux se sont trop concentrés sur les institutions au détriment des valeurs. Or les valeurs libérales de subsidiarité et de responsabilité individuelle ont été sérieusement abîmées durant la crise financière, autant par l’Etat que par le secteur privé. Face à son appropriation par les conservateurs et les socialistes, les libéraux doivent reprendre l’initiative sur ce dossier central, a déclaré Gerhard Schwarz, directeur d’Avenir Suisse.

Une liste subjective

Le sondage du World Economic Forum auprès des décideurs a souligné l’existence de ce besoin éthique. Occupy Wall Street, derrière ses slogans, mérite aussi d’être analysé sous cet angle. A l’évidence, les valeurs occidentales sont aujourd’hui attaquées. Il n’y a certes aucun déclin de ces valeurs, mais une difficulté à faire son choix et à maîtriser la pluralité existante. Quelles valeurs? D’où viennent-elles? A quoi servent-elles? Comment les défendre? L’ouvrage répond à ces questions et offre même, sous la plume de Gerhard Schwarz, un «décalogue » libéral. Une liste subjective et soumise à la concurrence des idées.

Le livre se conclut par un essai du Nobel d’économie James M. Buchanan sur la peur de la liberté.

Peter Ruch, le (seul) théologue libéral, présente lui un noyau de trois valeurs centrales à défendre: la liberté, la paix et la propriété. La paix est en danger parce que l’Etat a délaissé son rôle majeur dans le maintien de la paix, donc son monopole de la violence, pour se concentrer sur la redistribution des droits et des biens, donc sur le social.

 

Cet article est paru dans «Le Temps» du 3 décembre 2011.