La Suisse est un pays conservateur en matière de politique familiale. Les hommes et les femmes qui tentent de concilier famille et travail peuvent en témoigner. Dans leur vie professionnelle, les jeunes parents sont confrontés à des obstacles qui ne devraient pas être aussi élevés. Avenir Suisse, dans son étude «Parité salariale – Le marché du travail n’est pas défaillant», a identifié les besoins d’une réforme libérale, que nous rappelons ici après le Journée internationale des femmes.

Créer des incitations dans le système fiscal, dans l’accueil extrafamilial des enfants et auprès des employeurs

  • Imposition individuelle: le travail ne rapporte matériellement que trop peu à de jeunes parents. La progression fiscale sur le deuxième revenu (souvent féminin) du couple conduit en général à une charge très élevée dans la taxation commune. Il est profondément insatisfaisant que seuls 20 centimes restent dans le portemonnaie pour chaque franc supplémentaire gagné. Avec le passage à une vraie taxation individuelle, cet abus serait écarté.
  • Accueil extrafamilial des enfants organisé selon la demande: l’accueil extrafamilial pour les petits enfants a été massivement développé ces 15 dernières années. Mais les offres sont trop chères et trop peu flexibles. Souvent, elles ne correspondent pas aux exigences des emplois modernes dans les services ou pour des positions d’encadrement. Des bons d’accueil pour les enfants, distribués directement aux parents, seraient bien préférables aux subventions accordées aux crèches. D’autres pas importants seraient l’abrogation des tarifs d’accueil dépendant du revenu et la création d’écoles à horaire continu.
  • Congé parental à temps partiel : le congé maternité devrait être remplacé par un congé parental. Cette mesure aurait un effet secondaire important: si les pères prennent aussi un congé, les risques d’absence auprès de l’employeur sont mieux répartis entre les deux sexes, ce qui fait automatiquement tomber une objection qui favorise la discrimination.
  • Modèles flexibles de temps de travail : il existe un grand potentiel pour des formes de travail plus flexibles, bien loin d’être épuisé. Sur ce point, les entrepreneurs sont en demeure de créer des nouvelles possibilités, en encourageant la conciliation des vies privée et professionnelle, tant pour les hommes que pour le femmes.

Les femmes rattrappent leur retard

Il faut aussi voir le positif, après cette Journée des femmes. Même s’ils partaient d’un niveau plus bas, les salaires des femmes ont continuellement et substantiellement augmenté ces trente dernières années. Selon les données de l’AVS (temps pleins, corrigés de l’inflation), ces salaires féminins ont augmenté de 50% depuis 1981, mais ceux des hommes que de 30%. L’Enquête suisse sur la population active (ESPA), conduite depuis 1991, étaie les conclusions tirées des données de l’AVS sur une période de 20 ans. Rien qu’en 2015, selon la statistique ESPA (pondérée par le pouvoir d’achat), le salaire médian des femmes a augmenté de 4,7% alors que celui des hommes reculait légèrement.

 

Le rattrapage des salaires des femmes n’est que trop peu salué en Suisse. L’une des raisons en est l’état des statistiques. L’évolution salariale dans le temps est souvent présentée avec l’ «Indice suisse des salaires», qui est dans ce cas une statistique inappropriée, car elle mesure une catégorie de travail aussi constante et homogène que possible à l’aide d’une «pure» évolution des prix. Elle masque ainsi (consciemment) l’augmentation des qualifications et les exigences croissantes exigées pour les emplois. A moyen et long terme, les salaires payés augmentent en réalité bien plus fortement que ce que révèle l’Indice suisse des salaires.

Une dynamique pérenne

La croissance plus forte des salaires féminins s’explique par deux raisons principales. Le taux de participation des femmes au marché du travail augmente constamment, en raison de leur meilleure formation. Et les interruptions de carrière, autrefois usuelles et souvent très longues, sont en recul. Les femmes accumulent donc plus d’expérience professionnelle ; elles créent et développent ainsi leur capital humain. Le marché du travail honore cette évolution – ce qui, dans un cercle vertueux, encourage les femmes à rester en emploi.

Le rattrapage salarial des femmes est encore plus marqué en considérant les sommes de salaires soumis à l’AVS, plutôt que les salaires. En raison de la forte croissance de leur taux de participation au marché du travail, le total des salaires soumis AVS des femmes (corrigé de l’inflation) a augmenté de 140% depuis 1982, alors celui des hommes n’a crû que de 64%. Globalement, 42% de l’accroissement de pouvoir d’achat lié aux salaires est dû à l’activité des femmes. Ces chiffres montrent de manière impressionnante que les femmes ont gagné en pouvoir économique et en potentiel d’auto-détermination, et qu’elles continueront à le faire.

L’étude «Parité salariale – Le marché du travail n’est pas défaillant» décrit ce qu’il faut faire pour que les femmes améliorent leur place sur le marché du travail, surtout (mais pas seulement) dans les postes d’encadrement.