Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale publié mi-avril, le Fonds monétaire international (FMI) paraît soucieux. Les conditions de financement se seraient durcies au niveau mondial, l’élimination des créances improductives dans les bilans des banques ralentirait et le système bancaire demeurerait ainsi sujet aux crises. En guise de mesures à court terme, le FMI recommande de poursuivre provisoirement l’expérimentation des taux d’intérêt négatifs pour renforcer la conjoncture. Dans le même temps, il met en garde contre une surcharge de la politique monétaire à long terme. Des réformes politico-économiques fondamentales sont décisives pour améliorer les conditions de croissance sur les marchés du travail et des produits.

Création de monnaie réservée uniquement à la BNS

Ce qui est intéressant dans ce rapport : la monnaie pleine n’est absolument pas mentionnée dans les recommandations du FMI. Et cela, bien qu’une étude sur la thématique ayant eu un fort retentissement («Chicago Plan revisited») a été réalisée par le Fonds monétaire. Toutefois, celle-ci ne correspond pas à l’avis officiel du FMI, ce que les initiants de «Monnaie pleine» omettent volontiers.

Tout cela ne dérange pas les promoteurs de l’initiative «Monnaie pleine». S’il ne tenait qu’à eux, l’offre de monnaie totale devrait uniquement être créée par la Banque nationale suisse (BNS) et directement répartie entre la Confédération, le canton et le citoyen. Un effet secondaire positif serait que «des gains généreux de la création de monnaie» reviendraient encore également au public : ce qui dérange particulièrement les initiants est le fait que les banques commerciales «créent de la monnaie scripturale» en octroyant des crédits à leurs clients. Dans le système actuel, cette part des opérations bancaires est régulée (avec succès) par des prescriptions en matière de liquidités et de fonds propres.

Schweizer Münzen sind seit dem 19. Jahrhundert im Umlauf. Das hat Seltenheitswert und ist das Resultat einer stets mit Bedacht geführten Geldpolitik. (Bild: Wikimedia Commons) _ Illustrationsbild zu Vollgeld-Blog

Les pièces de monnaie suisses sont en circulation depuis le 19e siècle. Cela a une valeur singulière et est le résultat d’une politique monétaire gérée en permanence avec précaution. (image : Wikimedia Commons)

Cela va au-delà de l’offre de monnaie

Un système financier est beaucoup plus qu’un appareil de distribution d’argent qu’il s’agit de contrôler. Le célèbre économiste Joseph Schumpeter a vu dans «l’état du système monétaire d’un peuple, un symptôme de tous ses états». Il a voulu dire par là que la plupart des aspects de la politique monétaire trouvent leur expression dans la monnaie : le niveau de la dette publique, les politiques fiscale, commerciale et de la concurrence et, de manière très générale, la confiance des sujets économiques dans le moyen de paiement.

Selon le Prof. Jörg Baumberger de l’Université de Saint-Gall, chaque système monétaire et financier qui existe réellement est confronté à quelques risques et incertitudes :

  1. Risques de solvabilité et de liquidité
  2. Inflation (ou déflation) pour les biens et les services
  3. Fluctuations de la valeur patrimoniale
  4. Crises des finances publiques
  5. Fluctuations du taux de change

La monnaie pleine n’apporte une réponse qu’aux risques de solvabilité et de liquidité, car il élimine pratiquement la probabilité d’un retrait massif d’argent auprès des banques («bank run») : si, comme cela a été le cas récemment en Grèce, il y a un retrait massif et précipité des dépôts bancaires et que les banques doivent ainsi lutter contre le risque d’insolvabilité.

Malgré tout, il n’est pas vrai qu’une intervention aussi importante que l’interdiction de création de monnaie par les banques commerciales pourrait augmenter la stabilité du système financier. Au contraire : à travers cela, beaucoup de banques seraient privées d’une source de rendement importante et menacées dans leur existence-même.

Dans un prochain blog, vous en saurez plus sur les risques pour lesquels l’initiative «Monnaie pleine» doit des réponses.