Les Accords bilatéraux I sont en vigueur depuis le 1er juin 2002. Ce paquet de sept dossiers régit les relations économiques entre la Suisse et l’Union européenne (UE). Lors de la votation populaire du 21 mai 2000, le souverain suisse l’a approuvé à 67,2%. Les négociations de neuf autres dossiers ont débouché sur les Accords bilatéraux II et, depuis lors, de nombreuses études en ont examiné les effets sur la Suisse sous différents angles.

La nouvelle analyse d’Avenir Suisse se concentre sur les évolutions concernant l’emploi dépendant des exportations vers le marché de l’UE depuis l’entrée en vigueur des Accords bilatéraux I. L’impact sur l’emploi est analysé au niveau cantonal.

Environ un million d’employés dépendent du marché de l’UE

Depuis l’entrée en vigueur des Accords bilatéraux I, le nombre d’employés en Suisse qui dépendent directement des exportations vers le marché intérieur de l’UE a augmenté de 39% en passant de 617’000 (2002) à 860’000 (2016). Par rapport à l’ensemble des salariés, la proportion est passée de 15,8% à 16,8%. Il s’agit d’une estimation car, d’une part, l’ensemble du secteur du tourisme n’a pas été inclus et, d’autre part, les effets indirects sur l’emploi (effets multiplicateurs) n’ont pas non plus été pris en compte. On peut ainsi estimer qu’aujourd’hui, environ un million de travailleurs en Suisse bénéficient de l’accès au marché intérieur de l’UE, ce qui représente entre un cinquième et un sixième de la main-d’œuvre suisse.

L’analyse le montre : la croissance de l’emploi a largement profité à tous les cantons et toutes les régions, et pas seulement aux cantons frontaliers et à ceux du plateau, qui ont bénéficié en 2002 de meilleures «conditions initiales» en raison de leur situation géographique et de leur structure économique. Pour la Suisse romande, ce sont plus de 210 000 postes à plein temps qui dépendent de nos exportations vers le marché européen, soit une croissance de près de 83 000 postes entre 2002 et 2016 (voir figure 3).

La croissance de l’emploi a aussi profité aux cantons romands.

Des traités bilatéraux positifs pour les exportations romandes

En Suisse romande, ce sont surtout les secteurs des instruments de précision et de l’industrie chimique et-pharmaceutique qui ont profité des accords bilatéraux. En comparant les exportations des années 2002 et 2016, on constate pour le secteur des instruments de précision, des montres et de la bijouterie une augmentation dans tous les cantons romands à l’exception du Valais, allant de 126 millions de francs (Jura) à 4,4 milliards de francs (Genève). Les exportations de l’industrie chimique et pharmaceutique ont quant à elle augmenté respectivement de 1,9 et 1,2 milliards de francs dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel et de 128 millions de francs dans le canton du Valais.

Les ventes de produits agricoles, forestiers et issus de la pêche vers l’UE ont également augmenté dans le canton de Vaud (1,4 milliard de francs) et Fribourg (125 millions de francs). Enfin, l’industrie du métal valaisanne a vu ses exportations augmenter de 495 millions de francs.

Certains secteurs ont en revanche enregistré une baisse des exportations, comme par exemple le papier, articles de papèteries et produits graphiques à Fribourg (-177 millions de francs), le secteur des machines, équipement et de  l’électronique à Neuchâtel (-301 millions de francs) ou encore le secteur énergétique en Valais (-72 millions de francs).

Des bénéfices pour l’ensemble de l’économie nationale

En tant que pays exportateur, la Suisse vend chaque jour près de 900 millions de francs de biens et de services à l’étranger. De ces ventes, 52%, soit 169 milliards de francs par an, sont réalisées avec l’UE (données pour 2017, Administration fédérale des douanes, 2019). Le fait que les entreprises suisses s’orientent prioritairement vers les Etats membres de l’UE, ce «marché sur le pas de notre porte» est essentiel pour les emplois et l’économie suisses.

La mondialisation croissante des chaînes de valeur constitue un autre avantage pour le très productif secteur suisse de l’exportation. De plus en plus de composants et d’intrants proviennent de pays tiers et sont assemblés et affinés en Suisse. L’ensemble de l’industrie d’exportation suisse profite des prix de gros souvent plus bas des pays de l’UE. Ainsi, les produits suisses peuvent également être proposés de manière compétitive sur le marché intérieur de l’UE, ce qui a des effets positifs sur le volume des exportations et l’emploi en Suisse.

L’accès direct et garanti de la Suisse au marché intérieur européen s’est avéré être un «catalyseur pour l’emploi», dont profitent non seulement l’économie tournée vers l’exportation, mais aussi l’économie intérieure, par exemple grâce à une consommation plus forte. Par conséquent, ces effets économiques doivent également être pris en compte dans la discussion en cours sur l’accord institutionnel. Cet accord permettrait à la Suisse de continuer à participer au marché intérieur européen sur un pied d’égalité avec les pays membres de l’UE grâce à son accès préférentiel.

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