Un nombre de personnes actives qui ne cesse de diminuer alors que les retraités sont, eux, en constante augmentation: les inquiétudes pesant sur le «contrat entre générations» ne sont pas nouvelles. Le groupe de réflexion Avenir Suisse lance une série de propositions pour établir «un nouvel équilibre entre les générations», selon l’étude publiée hier. Principale idée: instaurer une assurance obligatoire à partir de 55 ans, consistant en une prime mensuelle de 285 francs, pour financer les soins dont les aînés auront besoin au quatrième âge.

Parmi d’autres auteurs, Jérôme Cosandey, spécialiste de prévoyance professionnelle et du financement de la protection sociale chez Avenir Suisse, formule différentes pistes pour revisiter le contrat entre générations qui, à l’entendre, menace de s’écrouler. Objectif: «Garantir une charge supportable pour la génération active». Outre un appel à davantage de responsabilité individuelle, la nouvelle étude reprend des revendications libérales classiques telles que favoriser l’assouplissement de l’âge de la retraite. L’idée d’un préfinancement des soins, sous la forme d’une prime de 285 francs par mois, est en revanche nouvelle. Les explications de Jérôme Cosandey.

Que voulez-vous réaliser avec ce nouveau «capital-soins»?

Il s’agit d’une part de corriger l’actuel système d’incitations, selon lequel les personnes ayant économisé sont, en quelque sorte, punies en entrant en EMS: en effet, elles doivent d’abord dépenser leurs biens avant de bénéficier des prestations complémentaires, tandis que celles qui n’ont rien les touchent immédiatement.
Dans le canton de Zurich, 73% des impôts sur le revenu et la fortune proviennent des contribuables professionnellement actifs. Une assurance obligatoire dès 55 ans soulagerait les jeunes générations.

Comment avez-vous déterminé le montant de 285 francs et l’âge de 55 ans?

Le montant correspond aux dépenses moyennes en SMS, sans l’hôtellerie, soit 237 francs pour les soins et 48 francs pour l’encadrement. De ce montant, 130 fr. sont aujourd’hui financés par les caisses maladies et 107 fr. par l’Etat.
Quant à l’âge seuil, nous avons élaboré des variantes à 45 ans et à 65 ans. L’âge de 55 ans est un compromis grâce auquel la prime ne sera pas trop élevée et autorisant la plus grande proximité possible entre le moment où l’on paie et le moment où l’on bénéficie d’une prestation.

Comment faire accepter l’idée d’une nouvelle prime?

Une des conséquences du système actuel, à terme, sera de diminuer les soins professionnels. Le pré-financement des soins est plus juste. De plus, ce n’est pas une assurance à fonds perdu. Le capital non utilisé pourra être transmis en héritage et les primes devraient pouvoir être déduites fiscalement.
Cela rend le système intéressant. Les caisses-maladie seront obligées de retrancher 130 francs de la facture des jeunes assurés. Il est moins évident de savoir si l’Etat reportera aussi son économie qui s’élève à 107 francs.

Les mesures que vous proposez dans la sphère privée reposent sur une évolution des mentalités. Est-il possible de provoquer des changements, dans ce domaine?

Par définition, on ne peut pas imposer le bénévolat! Nous souhaitons instaurer une plus grande transparence, provoquer une prise de conscience sur l’injustice du système actuel et promouvoir les expériences de nouveaux modèles.
Dans le canton de Vaud, un projet prévoit par exemple un home pour quatre ou cinq personnes atteintes d’Alzheimer. Les familles pourraient s’y investir davantage. Autre exemple: Swisscom a mis en place une équipe de gens au moins quinquagénaires pour répondre à ses abonnés âgés. Ce sont des pistes à explorer.

Cet entretien a été publié dans «La Liberté» du 11.07.2014.
Avec l’aimable autorisation de «La Liberté».