Christian Jacot-Descombes, porte-parole de la BCV et Tibère Adler, directeur romand d’Avenir Suisse ont ouvert cet après-midi d’échanges et de réflexions sur la situation de notre pays. Puis, c’est devant une soixantaine de véritables miliciens de la politique suisse qu’Andreas Müller, vice-président d’Avenir Suisse, a entamé sa présentation avec un constat : les personnes qui sont prêtes à s’engager dans les gouvernements cantonaux et communaux se font de plus en plus rares. En effet, le système de milice est en déclin en Suisse. La discussion avec le public a permis de faire émerger quelques raisons pour lesquelles des citoyens hésitent à s’impliquer. A cet égard, la question du fédéralisme a été avancée. Certains élus sentent en effet diminuer leur marge de manœuvre au niveau communal au profit des cantons. Afin de créer un véritable renouveau du système de milice en Suisse, Andreas Müller propose la création d’un service citoyen. Un tel devoir obligatoire s’imposerait à tous les citoyens à savoir aussi bien aux hommes, aux femmes qu’aux étrangers établis en Suisse. Il pourrait être réalisé sous forme de participation – en tant que milicien – à des activités politiques locales.

Par la suite, Jérôme Cosandey, directeur de recherche chez Avenir Suisse, a abordé le thème du vieillissement de la population et de ses conséquences. Au-delà des défis de la prévoyance vieillesse et les incertitudes liées à son financement, qui sont au cœur de l’actualité, il a aussi relevé les conséquences de l’augmentation de l’espérance de vie dans le domaine des soins et sur le marché du travail. A l’avenir, la Suisse va devoir trouver des solutions pour continuer à offrir des soins de qualité à une population qui comptera de plus en plus de personnes âgées. Pour ce faire, il va indéniablement falloir plus de personnel et de ressources financières. Le public s’est montré particulièrement intéressé par le sujet de la santé, qui représente un défi de taille.

Tibère Adler, directeur romand d’Avenir Suisse, a pris le relais en présentant plusieurs enjeux auxquels la Suisse doit faire face dans un monde globalisé. L’accent a été mis sur les opportunités que le pays ne peut se permettre de rater, afin d’assurer sa prospérité. Au niveau de la politique extérieure, cela a naturellement mené à aborder les relations Suisse-UE que nous devons préserver, en particulier sur le plan économique, mais aussi le protectionnisme agricole suisse et ses coûts en termes d’occasions manquées. Pour ce qui est de la politique intérieure le maintien du frein à l’endettement est essentiel. Ce dernier soutient également qu’une réforme des droits politiques s’impose. En particulier, l’initiative populaire est précieuse et doit rester un instrument de décision politique, et ne pas devenir une forme de sondage d’opinion grandeur nature. Les constantes difficultés d’application des initiatives acceptées démontrent qu’il existe un problème institutionnel.

Finalement, Jean-Pierre Roth, président de la BCG et ancien président de la BNS, a conclu sur une note positive en livrant les secrets du succès suisse. D’après lui, le pays a su s’adapter judicieusement et surmonter des caractéristiques peu favorables telles qu’un petit territoire, le manque de ressources naturelles ou un paysage montagneux. Son succès tient notamment à sa forte capacité d’épargne, son économie globalisée ou encore ses marchés diversifiés. Pour conclure, M. Roth a mis en garde contre les risques liés à l’attrait trop facile de se financer aujourd’hui «gratuitement», en oubliant la nécessité de rembourser ou de refinancer plus tard, alors même que les dépenses sociales ne vont pas cesser d’augmenter. Il a enfin plaidé pour investir davantage hors d’Europe et a rappelé l’importance de se concentrer sur de bonnes conditions-cadres à l’interne pour garantir la prospérité du pays à long terme.