Pour clore notre série de réflexion sur les médias, voici le 5e article proposant un gros plan sur l’ébranlement des frontières télévisuelles et la question de la concurrence entre les médias privés et la SSR, sujets discutés à l’occasion du 6e Séminaire romand de réflexion tenu le 1er novembre dernier au Mont-Pèlerin.

L’ébranlement des frontières télévisuelles

Outre la redevance, 25% des recettes de la SSR proviennent d’activités commerciales, publicitaires avant tout. Or celles-ci tendent à diminuer face aux fenêtres publicitaires accordées à des diffuseurs étrangers (TF1, M6, par exemple pour l’espace francophone). Elles affectent également les radios et TV locales. Dans une bataille où les enjeux se chiffrent en millions, 100 000 CHF de moins au budget d’une chaîne régionale, par exemple pour une radio locale, n’est pas si anodin qu’il n’y semble.

Du côté des petites radios et télévisions, certains ont même vu une volte face de la SSR, qui aurait finalement accepté de travailler avec TF1. Affirmation qui fait bondir la SSR. Il n’a jamais été question d’entretenir la moindre relation contractuelle avec TF1 qui a confié le mandat de régie à Ringier. Or, si l’outil informatique de cet éditeur est Publisuisse, régie publicitaire de la SSR, il est vendu depuis des années et est utilisé aussi bien par les télévisions locales que les privées, assure la SSR.

Autres facteurs d’érosion de son audience, le zapping des téléspectateurs et le recours aux vidéos sur demande affectent également ses marges. La concurrence devient même mondiale: en plus des chaînes thématiques, le téléspectateur a désormais facilement accès à 200 chaînes de télévision.

Outre la coopération entre tous les médias qu’elle préconise, la SSR insiste sur sa convergence interne qui s’opère entre radio et télévision. Ici, il s’agit clairement de réduire les coûts de 10% par année, de parvenir à faire mieux repérer par sa clientèle ce qu’elle propose et finalement d’améliorer les prestations de ses collaborateurs.

La volonté de voir la publicité accompagner les usagers sur les tablettes et les smartphones est claire de sa part. Et c’est d’ailleurs cette affirmation d’une extension sans limite qui provoque la colère des éditeurs privés. Pour ces derniers, l’offre on-line, développée d’une manière opaque, se transforme en autant de faits accomplis. Sans la moindre base légale, la SSR va beaucoup trop loin, déplorent-ils. De nouvelles applications, telles le jeu de jass, proposé chaque samedi soir aux internautes Outre-Sarine, ou des services comme le trafic routier n’ont plus qu’un vague rapport avec le mandat constitutionnel. Ils ne sont que de simples services commerciaux financés par la concurrence, s’indignent les éditeurs. Cette extension est même perçue comme dramatique pour la presse privée, dès lors bien en peine de développer une offre payante face à la gratuité de la SSR.