Voici le deuxième d’une série de 5 articles relatant – du point de vue d’Avenir Suisse – les reflexions et les discussions autour de l’avenir des médias privés et publiques qui se sont tenues le 1er novembre 2011 au Mont-Pèlerin.
L’État n’apporte pas une réponse satisfaisante sur le rôle des médias
Quel est le rôle de l’État dans le marché des médias en ce début de 21èmesiècle? Cette question, pourtant fondamentale, dans une démocratie directe où les citoyens se rendent à intervalles réguliers aux urnes et sont dans l’obligation de se façonner en permanence une opinion, ne reçoit pour l’heure qu’une réponse partielle – et donc insatisfaisante – dans ce pays. Pourtant, il est important de savoir si l’État doit intensifier l’offre du service public, dans un esprit de cohésion nationale, ne serait-ce que pour garantir le respect des minorités linguistiques, ou s’il doit la laisser davantage aux forces du marché.
Si le Service public, en vertu de la Constitution fédérale, est toujours d’actualité et que sa fonction identitaire nationale et régionale est essentielle, l’État et ses représentants politiques semblent peu soucieux de s’interroger si le divertissement ressort de «l’identité nationale».
En ce sens, se limiter à une seule entreprise radio/TV est obsolète et il faut s’interroger sur la question si diffuser une course de Formule 1 ou des séries américaines relève encore de la mission de service public.
Force est également de constater que le service public n’est pas l’apanage de la SSR. L’ensemble des acteurs médiatiques favorise la diversité de l’opinion. La seule question qui se pose à l’État concerne la nécessité de favoriser dans toute la mesure du possible l’essor de médias ancrés dans le pays. En ce sens, des médias en mains suisses sont bien un facteur identitaire. La proximité géographique entre le public et les propriétaires limite certainement des abus auxquels il nous a été donné d’assister, par exemple, lors de l’affaire Murdoch.
En revanche, même si certains esprits affichent des certitudes à ce sujet, il semble difficile de financer une télévision en Suisse romande et encore plus fortement dans sa partie italophone.
Certains déplorent la faiblesse du secteur privé dans la discussion publique par rapport à une SSR soupçonnée de liaison trop étroite avec l’OFCOM. Gageons que la récente nomination d’un nouveau président, proche du parti de la responsable du département de tutelle, ne les rassurera que partiellement.
Pourtant, les privés ont reçu des appuis par le biais de diverses interventions parlementaires qui viennent d’être déposées récemment. Mais là également les réponses gouvernementales ne rassurent que partiellement. Elles se contentent de renvoyer les parties dos à dos, en leur demandant de développer un modèle de collaboration dans le domaine de la publicité, mais aussi de développer des coopérations susceptibles de renforcer des synergies plus larges. En ce sens, le Conseil fédéral rassure la SSR. S’il y a un changement légal il ne sera que partiel – pour ne pas dire partial.
Enfin, entre des radios et télévisons locales hétérogènes, mal découpées entre les frontières cantonales, qui ne font pas le poids face à la toute puissante SSR, il devrait y avoir des regroupements salutaires pour le bien des téléspectateurs et des éditeurs.