Anna Mu¦êrset

«Une vie au service des travailleuses» titrent de nombreux journaux lorsque Anna Mürset prend sa retraite en 1957 au bout de 30 ans à la tête de l’Office central suisse des professions féminines (plus tard Secrétariat féminin suisse). A juste titre.

La carrière d’Anna Mürset commence de manière peu spectaculaire. Après avoir terminé l’école de commerce à Berne, elle acquiert ses premières expériences professionnelles, dont un séjour en Angleterre. Mais cette fille de médecin bernoise veut faire davantage bouger les choses et partir pour de nouveaux horizons. Le travail de secrétaire lui offre peu de satisfactions et elle s’ennuie. Elle poursuit sa formation à l’école sociale pour femmes à Zurich. En 1923 se présente l’opportunité de sa vie: elle a l’occasion d’assumer la direction de l’Office central suisse des professions féminines nouvellement créé. Dès lors, Anna Mürset est dans son élément. Elle avance au rang de pionnière des professions féminines, et sa première invention est sa propre profession: celle de conseillère en orientation professionnelle. Elle est la première en Suisse.

La formation professionnelle de la femme doit être mise en place et développée dans les années 1920. La Première Guerre mondiale a montré à quel point les usines, les bureaux, l’industrie ou l’hôtellerie ont un besoin urgent de femmes – et que de nombreuses femmes dépendent d’un travail rémunéré pour nourrir leur famille.

Grâce à ses recherches pratiquées avec beaucoup d’efforts dans les branches et les entreprises les plus diverses, Anna Mürset ouvre sans cesse aux femmes de nouveaux domaines professionnels. Elle établit des profils de compétences et identifie des possibilités de développement professionnel. Des stoppeuses d’art dotées de bons yeux et de doigts agiles sont recherchées. D’habiles couturières de parapluies, dont les mains ne transpirent pas, gagnent mieux à la pièce qu’à la journée. Il faut donner aux jeunes femmes de l’époque le goût d’un apprentissage de laborantine en chimie ou de téléphoniste, tout comme (encore) aujourd’hui celui d’une formation de développeuse informatique.

Au début du XXe siècle, il est encore usuel pour les femmes d’exercer des métiers différents de ceux des hommes. Mais le fait que les femmes gagnent moins que les hommes à travail égal éveille l’esprit combatif d’Anna Mürset. Dans plusieurs publications, et comme co-fondatrice de la Communauté de travail suisse Femme et Démocratie, elle s’exprime publiquement en faveur de l’égalité entre femmes et hommes et contre le nationalisme embryonnaire qui prélude à la Seconde Guerre mondiale.

Tout ce que Madame (elle refuse d’être appelée Mademoiselle) Mürset entreprend réussit. Et elle prend aussi le temps d’écouter les femmes et de se pencher sur leurs problèmes. Toutes les éloges de son action soulignent qu’Anna Mürset a également profité de la vie au-delà de l’activité professionnelle: elle aimait la danse, l’alpinisme et les réunions entre amis.

L’ensemble des portraits des pionnières de la Suisse moderne feront l’objet d’une publication dans un livre qui paraîtra à l’automne 2014, édité par Avenir Suisse, les Editions Slatkine et Le Temps. A précommander ici