A l’échelle nationale, environ 23 % des jeunes vont à l’école secondaire, comme à Fribourg. Toutefois, les écarts ne sont pas seulement importants entre les cantons, mais aussi au sein des cantons : dans le district de la Singine, le taux de fréquentation du gymnase est de 20 % contre 30 % de l’autre côté de la Sarine.
Ces différences s’expliquent en partie par des préférences divergentes en matière de formation. Les exigences d’admission constituent toutefois un facteur central : dans certains cantons, la réglementation sur l’admission est plus stricte que dans d’autres. Tous les diplômes d’un gymnase permettant d’accéder sans examen aux hautes écoles universitaires, la question de l’égalité des chances revient souvent.
Plus il y a de gymnasiens, plus il y a d’abandons
La publication d’un récent rapport sur les abandons dans les hautes écoles suisses a relancé un débat. En moyenne, le taux d’abandon est d’environ 19 % et varie nettement selon les disciplines : les filières de sciences humaines et sociales enregistrent par exemple des taux d’abandon plus élevés que le droit ou les sciences naturelles. De plus, les étudiants des cantons où le taux de maturités est plus élevé abandonnent plus souvent leurs études par la suite.
Cela n’est pas surprenant. Avec des critères de sélection stricts pour le gymnase, cette voie n’est ouverte qu’aux élèves particulièrement performants ou persévérants. En revanche, si le taux de gymnasiens admis est étendu, un plus grand nombre de jeunes moins bien préparés aux exigences des études universitaires pourraient se retrouver dans les universités et échouer plus souvent. Si de nombreux étudiants abandonnent leurs études ou ont besoin d’«années d’essai», cela entraîne (selon la discipline) des dépenses élevées pour l’Etat, et donc pour les contribuables.
Avec un taux d’abandon de 15,5 %, le canton de Fribourg se situe en dessous de la moyenne suisse. Cela s’explique probablement par le fait que l’ensemble du parcours scolaire jusqu’à la maturité dure treize ans, soit une année de plus que dans la plupart des autres cantons, ce qui est toutefois aussi coûteux. Les gymnasiens peuvent ainsi acquérir plus de connaissances que dans d’autres régions de la Suisse et sont plus «matures» au moment de commencer leurs études. Cela vaut également pour le canton de Genève : bien que le canton présente le taux de gymnasiens le plus élevé, il n’y a pas beaucoup plus d’étudiants qui abandonnent leurs études que la moyenne suisse. Il est donc évident qu’une sélection stricte n’est pas le seul facteur derrière un taux d’abandon plus faible : l’aptitude aux études peut aussi être obtenue par d’autres mesures, comme une scolarité prolongée.
Se concentrer sur le taux de gymnasiens ne suffit pas
Les gymnases constituent ainsi un exemple parfait de fédéralisme. En effet, les cantons ne diffèrent pas seulement par leurs taux de gymnasiens, mais aussi sur de nombreux autres aspects : ainsi, la durée de la scolarité jusqu’au diplôme est parfois de treize ans au lieu de douze, il existe des gymnases qui proposent des programmes de courte et longue durée ou différents types d’options. Cette diversité n’est pas un inconvénient, mais une force du système fédéral. Elle permet aux cantons d’apprendre les uns des autres. Par ailleurs, les familles ne sont pas simplement soumises au système en place, mais peuvent influencer le volet éducatif en choisissant leur lieu de résidence.
Finalement, ce qui compte le plus pour l’égalité des chances, ce n’est pas tant le taux de gymnasiens que la perméabilité du système de formation. C’est précisément là que réside l’une des grandes forces de la Suisse : même avec un apprentissage professionnel comme point de départ, toutes les voies restent ouvertes aux jeunes – ce qui rend de toute façon la focalisation sur les taux de gymnasiens trop réductrice.
Cet article a été publié (en allemand) le 4 mars 2025 dans les Freiburger Nachrichten.