La Métropole lémanique ne doit pas se transformer en «Los Angeles sur Léman». C’est en substance l’avertissement émis par le think tank Avenir Suisse. A l’appui de trois simulations sur l’évolution territoriale entre Genève et Lausanne, le lobby économique prévoit une agglomération continue d’ici à 2040. Le spectre d’une ville éclatée, à l’image de Los Angeles, est agité.

Tout d’abord, un constat. A la fin du XIXe siècle, les noyaux des deux capitales lémaniques étaient clairement distincts. Puis, l’expansion urbaine et le rapprochement des premières villes ont formé un ruban urbain. Dans les 167 communes analysées, la population a presque triplé pour passer de 370’000 en 1935 à 944’000 en 2010.

L’évolution urbaniste du bassin lémanique est une projection qui s’appuie sur la croissance de la population et des emplois entre 2000 et 2008 pour chaque commune. Le tout est projeté pour la période 2020-2040 en calculant l’augmentation de la surface construite qui en résulte. Grande absente des simulations, la France voisine. Les concepteurs des projections ne disposaient pas des données des communes françaises.

 Politiques d’aménagement divergentes

Résultat de la simulation: l’arc lémanique se transformera en L.A. lémanique à moins d’une densification des zones déjà construites, analyse Avenir Suisse. «Le problème, avertit Xavier Comtesse, tient aux divergences entre les politiques cantonales d’aménagement vaudoises et genevoises». Le Canton de Genève suit des principes très stricts d’aménagement territorial, alors que le Canton de Vaud est relativement laxiste en la matière. Le manque de construction à Genève crée un mitage du territoire à l’extérieur de ses frontières. Pour le lobby des grandes entreprises suisses, une gouvernance territoriale s’impose.

 Eviter le mitage

Afin d’éviter le mitage excessif et une couverture continue de béton sur le bassin lémanique, Avenir Suisse livre des pistes. Genève et Lausanne doivent densifier leurs centres urbains. Genève en particulier, souligne le think tank, devrait autoriser la construction de nouveaux quartiers résidentiels périurbains. D’autre part, les zones à bâtir vaudoises doivent «se borner aux espaces efficacement viabilisés et réduire la plus-value de planification en redéfinissant les zones à bâtir périphériques».

Enfin, le lobby inscrit la préservation des réserves paysagères le long des rives du Léman, Lavaux en tête. «L’attractivité du paysage est centrale pour l’attractivité de la place économique et la qualité de la vie de la Métropole lémanique», souligne Avenir Suisse. «Le mitage progressif du paysage est une menace pour le dynamisme économique de la région, déclare Xavier Comtesse. Les entrepreneurs viennent avec leur famille et la qualité de vie est un critère essentiel dans leur choix.»

 Cet article est paru dans «Tribune de Genève» du 24 mai 2012.