Nadine Gobet, directrice de la FPE, a tout d’abord introduit le sujet du jour en évoquant le contexte suisse du travail des seniors et la réforme «Prévoyance vieillesse 2020», dans laquelle figurent entre autres des mesures d’harmonisation mais aussi une plus grande flexibilisation de l’âge de la retraite. Elle a en outre rappelé l’apport des seniors à l’économie suisse par la transmission de leur savoir aux jeunes générations qui permet de préserver le dynamisme économique de la Suisse. Tibère Adler, directeur romand d’Avenir Suisse, a complété ce préambule en mettant en avant le fait que la Suisse possède désormais l’espérance de vie la plus élevée au monde, et qu’elle sera par ce fait confrontée à de nouveau défis en matière de retraites.

Jérôme Cosandey, directeur de recherches à Avenir Suisse, a ensuite pris la parole pour souligner le vieillissement croissant de la population : dès 2030, il n’y aura plus que 2,2 actifs par retraité (65 ans et +) alors que se nombre s’élevait encore à 3,5 en 2010. Cela signifie aussi qu’un grand nombre de personnes devra répondre aux besoins (services, soins, produits) de cette catégorie de la population grandissante. En ajoutant à cela le phénomène des retraites anticipées et le risque de restrictions à l’embauche de main-d’œuvre étrangère suite à la votation du 9 février 2014, le marché de l’emploi suisse devra surmonter de nouveaux défis, à moyen et long termes. Jérôme Cosandey a en outre mis en évidence une autre tendance : les seniors perdent moins souvent leur emploi, mais sont plus longtemps au chômage. Face à ces constats, il a présenté une série de mesures institutionnelles concrètes qui pourraient être appliquées afin que les seniors puissent plus facilement garder et retrouver un emploi ; parmi elles : ne pas fixer de limite d’âge dans les offres d’emploi, supprimer les échelles de salaires selon l’âge ou encore flexibiliser l’âge de la retraite.

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Table ronde et débat avec Jérôme Cosandey, Nadine Gobet, Tibère Adler, Caroline Young et Jean-Claude Ducry (de gauche à droite) (© Avenir Suisse)

Jean-Claude Ducry, responsable salaires et assurances sociales au Groupe E, a ensuite donné un exemple empirique de politique de gestion de fin de carrière au sein d’une entreprise. Le programme «Gestion fin de carrière», en vigueur chez Groupe E depuis maintenant dix ans, prévoit deux étapes principales pour bien préparer le passage à la retraite. La première consiste en un entretien facultatif et informel, proposé dès l’âge de 59 ans, dans lequel le collaborateur évoque ses désirs quant à la suite de sa carrière. Dans un second temps, l’entreprise organise à ses frais une formation de préparation à la retraite incluant des aspects psychologiques, financiers et liés aux assurances sociales. Celle-ci a pour but d’orienter le futur retraité dans ses démarches administratives et de lui donner les outils nécessaires pour son départ à la retraite. Jean-Claude Ducry a tenu à rappeler que la sortie de l’activité professionnelle se prépare et que le modèle élaboré par le Groupe E vise à offrir une solution pratique dans ce but.

Ce fût ensuite au tour de Caroline Young, cofondatrice d’Experconnect, société qui met en relation des entreprises ayant besoin de l’expertise des seniors avec des retraités souhaitant continuer à exercer une activité professionnelle à temps partiel, de se prononcer. Mme Young a notamment présenté les différents aspects de la stratégie d’une entreprise face au vieillissement, rappelant que les seniors représentent une ressource importante. La formation de binômes entre un jeune et un expert-retraité se révèle être une formule particulièrement concluante pour permettre aux retraités de léguer leurs connaissances et leur savoir technique à des employés moins expérimentés.

Ces exposés ont rapidement trouvé écho auprès du public et suscité de nombreuses réactions.

Lors de la table ronde et du débat qui a suivi, les panélistes ont insisté sur l’importance pour les entreprises de se projeter à moyen et long termes et de dépasser les préjugés négatifs concernant les seniors. Il s’agit de réaliser un changement de culture à l’interne des entreprises afin de capitaliser sur les transferts de connaissances, comme l’a indiqué Mme Gobet.

Les intervenants ont réaffirmé à l’unisson la nécessité de flexibiliser le travail, dans les secteurs où cela est possible, et de prendre des mesures concrètes, rappelant cependant que nous sommes seulement au début d’un long processus. Les compétences et le savoir des seniors représentent un atout et il serait dommage de ne pas en profiter que ce soit dans les entreprises ou au niveau politique, notamment dans les communes où il manque très souvent du personnel.