La Suisse de 2012 est, comme la plupart des observateurs le reconnaissent, un pays structuré essentiellement par quelques métropoles. Cela posé, la définition de métropole n’est pas la même pour tous, pour des raisons plus ou moins valables.
Pour notre part, nous nous rallions pour l’essentiel à la définition de l’encyclopédie Larousse, qui considère comme métropole une grande agglomération urbaine comptant au moins un million d’habitants, avec des fonctions de direction dans les domaines économique et financier, offrant une gamme étendue de services de haut niveau, y compris au plan culturel et disposant d’un aéroport international. De ce fait, seuls trois espaces urbains suisses peuvent être considérés comme des métropoles: l’espace métropolitain de Zurich, la métropole lémanique (cantons de Vaud et Genève) et le grand Bâle.
Si personne ne conteste la première place de l’espace métropolitain de Zurich, avec quelque 2 millions d’habitants et une part de quelque 37% au Produit Intérieur Brut (PIB) helvétique (avec l’agglomération de Lucerne) selon «Metropolitanraum Zürich», la deuxième place doit dorénavant être attribuée à la métropole lémanique, ce que confirment les indicateurs démographiques et économiques.
D’un point de vue démographique, tout d’abord, il faut relever que le cœur du grand Bâle, à savoir les deux demi-cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne, a connu depuis vingt ans une croissance nettement inférieure à la croissance moyenne helvétique. De ce fait, la part relative des deux Bâle à la population suisse a diminué, tandis que la population de Bâle-Ville a même diminué en valeur absolue, ce qui atteste un inquiétant déclin démographique. A l’inverse, la métropole lémanique Vaud-Genève a connu une formidable croissance démographique depuis 1991, en gagnant plus de 214.000 nouveaux habitants en vingt ans… soit près de la moitié de la population totale de Bâle-Ville et Bâle-Campagne! De ce fait, les cantons de Genève et Vaud représentent aujourd’hui, avec 1,2 million d’habitants, près de 15% de la population suisse.
D’un point de vue économique ensuite, on notera d’emblée que l’aéroport international de Genève absorbe désormais deux fois et demie plus de voyageurs (plus de 13 millions en 2011) que l’aéroport de Bâle-Mulhouse. Surtout, il faut relever qu’un article d’Avenir Suisse paru en 2011 dans un numéro de la revue du Secrétariat d’état à l’économie chiffrait la part de la région métropolitaine “Bâle” au PIB suisse à quelque 10%, contre 14% pour la région métropolitaine «Genève-Lausanne», l’institut Créa estimant quant à lui la part des cantons de Vaud et Genève au PIB suisse à 15,8% en 2010.
Quand on sait par ailleurs que la croissance du PIB des cantons de Vaud et Genève demeure supérieure à la moyenne helvétique et que le volume des exportations des cantons de Vaud et Genève a crû de 88% ces dix dernières années, il est tout sauf présomptueux d’affirmer que la place de 2e pôle économique de Suisse revient à la métropole lémanique.
Cet article est paru dans «L'AGEFI» du 18 avril 2012.