Depuis 2002, en collaboration avec l’Institut der deutschen Wirtschaft Köln et la Chambre fédérale de l’économie autrichienne, Avenir Suisse mesure les efforts de réforme faits en Allemagne, en Autriche et en Suisse à l’aide d’un baromètre conçu à cet effet. L’édition 2013 couvre donc une décennie entière. Mais, il est douteux que les politiques de réforme des trois pays analysés soient, en soi, une raison de fêter cet anniversaire rond. Certes, en Allemagne, l’Agenda 2010 a apporté des réformes substantielles, la Suisse a tiré des leçons importantes de la période de stagnation des années 90 et l’Autriche a fait preuve de stabilité pendant la crise financière et monétaire. Mais, on le sait, les politiciens (et leurs électeurs) ont la mémoire courte.

L’élan de réforme risque donc de s’estomper, voire de se transformer en blocage – et c’est bien la tendance générale mis en lumière par le nouveau baromètre des réformes. Il est certain que la situation économique des trois pays étudiés, encore confortable par rapport aux autres pays européens, ne crée pas de besoin de renouveau ou de réformes structurelles – un besoin qui est par contre bien présent dans les pays les plus fortement frappés par la crise de la zone euro, notamment le Portugal, la Grèce et l’Espagne: quand on est à l’eau, il faut bien nager. Néanmoins, les économies d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers. Des réformes sont incontournables: la concurrence des pays émergents et le rythme soutenu des changements structurels mondiaux ne tolèrent pas de ralentissement de l’activité de réforme. Dès lors, le nouveau baromètre des réformes montre aux acteurs de la politique publique où le bât blesse pour ce qui est des réformes nécessaires envisagées, réalisées, annulées – ou tout simplement oubliés.