Si la Suisse ne veut pas manquer le train de la compétition internationale, elle doit opérer une révolution culturelle plus qu’une révolution technologique. C’est à cette conclusion qu’aboutit la publication. L’auteur Xavier Comtesse constate que même si la Suisse se trouve dans le groupe de tête des pays développés en ce qui concerne les investissements en NTIC, elle se retrouve très mal positionnée en ce qui concerne la productivité et la compétitivité.
La publication d’Avenir Suisse: «Dartfish, Logitech, Swissquote et co.» de Xavier Comtesse, ne laisse planer aucun doute sur la nécessité d’un usage intelligent et orienté vers les clients des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) si l’on veut augmenter la productivité en Suisse. Bien d’autres études économiques permettent de corroborer cet état de fait, comme l’étude de mai 2004 de «The Economist», à travers son unité «The Economist Intelligence Unit», qui a sondé sur une large échelle la situation dans plus de 60 pays. Cette étude approfondie donne un large panorama de l’usage productif des NTIC et permet de situer la position de chaque pays, les uns par rapport aux autres. De plus, elle démontre clairement que les gains en productivité ne dépendent pas seulement des investissements en infrastructures NTIC mais également de facteurs comme la formation, la recherche, l’innovation, le capital risque, et le rôle des administrations publiques dans l’usage approprié des NTIC. Cet ensemble de conditions varie évidemment d’un pays à l’autre mais la Suisse offre une particularité: elle se trouve dans le peloton de tête des pays sondés en ce qui concerne les investissements en NTIC mais se situe dans le dernier peloton pour la productivité.
L’exception suisse
Dans cet ouvrage d’Avenir Suisse, composé de deux parties: analytique et études de cas (dix récits d’entreprises NTIC en Suisse), il est démontré que ce paradoxe suisse tient dans une trop grande attention accordée au perfectionnisme technologique plus que dans une relation clientèle bien développée. En effet, il apparaît que le retard de croissance en Europe, et tout particulièrement en Suisse, par rapport aux États-Unis, vient en grande partie de l’usage productif des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pour pouvoir profiter d’une croissance issue d’un tel usage des NTIC, il faudrait pouvoir les utiliser autrement. Cela signifie entre autre: raccourcir les processus de travail, supprimer les intermédiaires, remplacer les multiples anciennes procédures par une seule, repenser et réformer les procédures administratives, etc. Cela signifie également qu’une évaluation sur la nécessité productive lors d’achat de nouveaux équipements est nécessaire. Par exemple, aujourd’hui en Suisse, il faudrait privilégier davantage l’usage d’internet pour de réelles activités économiques plus que pour de simples présentations et sites d’information comme c’est le cas trop souvent. Plusieurs facteurs d’amélioration sont envisageables :
- un usage réellement productif des NTIC, une meilleure offre de formation
- une recherche plus orientée vers les besoins
- un marché de l’innovation plus efficient
- une présence plus importante du capital risque
- un e-gouvernement dirigé vers les besoins de la clientèle
- un marché du travail NTIC plus mobile et flexible
- une attention particulière portée sur les acteurs du changement: les transformeurs
Stimuler le potentiel
Trois facteurs ont intensifié la compétitivité du secteur NTIC aux États-Unis et dans les pays du nord de l’Europe : des prix compétitifs de communication, des stimulations fiscales ainsi qu’un grand nombre d’opérateurs de télécommunication. Ce n’est pas le cas en Suisse. Ainsi il est clair que la libération du premier kilomètre (ou dernier kilomètre) devient une nécessité. Des incitations fiscales pour le commerce internet pourraient également être prises en considération. Finalement, comme le capital risque est en Suisse comparativement trop faible, des changements dans les conditions cadres seraient nécessaires. Les lois devraient ainsi êtres changées pour permettre par exemple aux fonds de pension d’investir plus facilement dans le développement des entreprises innovantes. Les lois pour le capital risque ne sont en effet par euro compatibles et sont aujourd’hui désavantageuses pour la création de start-ups en Suisse. Bien des entrepreneurs ont été par le passé des transformeurs significatifs pour le succès de l’économie suisse grâce à leurs visions, leur courage et leur esprit d’initiative. Les dix récits d’entrepreneurs, décrits dans l’ouvrage, montrent qu’aujourd’hui ces transformeurs NTIC sont également indispensables à notre avenir. Le potentiel est donc là. La publication «Dartfish, Logitech, Swissquote et Co.: les transformeurs IT, les nouveaux acteurs du changement» montre de quelle manière ces problèmes pourraient être dépassés. C’est en outre un appel aux leaders des différents domaines (entrepreneurs, professeurs, politiciens et hauts fonctionnaires) pour un changement de paradigme et donc de stratégie pour un meilleur usage des NTIC en Suisse.