La Suisse est partenaire du processus engagé par les pays européens ayant signé la déclaration de Bologne qui vise à rendre l’espace européen du savoir plus compétitif. Elle a exprimé le vœu, à travers ses plus hauts responsables des milieux académiques et politiques, le 3 décembre dernier à Berne, de le mettre en œuvre le plus rapidement possible. C’est très bien. Il faut ici tout de même noter que certains pays notamment nordique telle que le Danemark, les Pays-Bas ou la Finlande sont beaucoup plus avancés que nous sur la mise en œuvre du processus de Bologne. Cependant, une concrétisation réussie de la déclaration implique un encadrement renforcé des étudiants à travers un effort pour un enseignement de qualité. Cela passera nécessairement par l’engagement d’une nouvelle relève d’enseignants plus nombreuse. Ainsi, le processus de Bologne pousse indéniablement l’ensemble du système tertiaire de l’éducation vers la recherche de nouvelles pistes pour le financement des hautes écoles s’il veut répondre de manière satisfaisante à ces nouvelles exigences.

En effet, la compétition européenne, par le truchement d’une plus grande mobilité des étudiants, va augmenter. L’harmonisation des diplômes (bachelor, master, doctorat) et le système des crédits offrira de plus un marché plus ouvert avec une palette de l’offre plus large et plus complète. Les Hautes écoles suisses devront ainsi améliorer la qualité de l’offre en faisant tout particulièrement des efforts vers la spécification de leurs profils. C’est évident, mais c’est important de le rappeler. Dans l’esprit des signataires de la déclaration de Bologne, il y avait une volonté de créer un système européen qui soit très clairement en faveur des étudiants.

On peut résumer ces principaux nouveaux avantages en deux groupes : d’un coté le double niveau de diplômes (bachelor, master) permettra aux étudiants de s’arrêter, s’il le désirent, après le bachelor, travailler et reprendre éventuellement leurs études plus tard. Cette solution a été, dans les pays où se système existe déjà, très favorable notamment au retour dans la vie professionnelle des femmes qui avaient interrompu leur carrière pour élever leurs enfants. Ce modèle permet de plus aux étudiants d’éventuellement continuer leurs études de master dans une autre université suisse ou européenne voir américaine afin d’acquérir d’autres types de compétences dans un autre environnement culturel. De l’autre coté, le système des crédits, quant à la lui, autorise une plus grande flexibilité dans la conduite de ces études et facilitera ainsi la vie des étudiants qui pour différentes raisons doivent ou veulent travailler à temps partiel tout en poursuivant leurs études. On voit ainsi que si la mise en œuvre du processus de Bologne se fait correctement, il y aura une progression notable des avantages pour les étudiants, pour les universités et pour le pays tout entier car cela va garantir une amélioration générale de l’enseignement et de la qualité de celui-ci. Cependant, il ne faut pas se faire d’illusions, la mise en place de la réforme ne se fera pas sans heurts ni réajustements. Beaucoup de volonté, d’inventivité et de rigueur seront nécessaires à son succès.