Après plus de deux décennies de retraite anticipée et de politiques d’emploi orientées principalement vers les jeunes, la plupart des dirigeants des pays européens ont commencé dans les années 90 à réorienter leur politique. La nécessité de maîtriser les dépenses budgétaires pour accéder à la monnaie commune des Etats Membres de l’Union Européenne et conserver leur compétitivité, les perspectives démographiques et financières pour le financement futur des retraites ont obligé les gouvernements à réformer leurs systèmes de retraite et à revoir la situation de l’emploi des travailleurs en particulier à partir de 55 ans. L’analyse de la littérature faite pour la présente recherche ainsi que nos études montrent que l’allongement de la vie professionnelle non seulement suscite un nouveau et vif intérêt dans la plupart des pays industrialisés mais est maintenant envisagée comme un facteur indispensable pour l’avenir de la situation économique et sociale.

Pour sa part la Commission Européenne qui, depuis une dizaine d’années, a poussé les EtatsMembresdans leurs efforts de réformes des retraites, fait maintenant de l’augmentation du taux de participation des travailleurs âgés au marché du travail un élément important de sa Stratégie pour l’Emploi (2000) pour le futur. La Suisse, dont la situation de l’emploi pour les travailleurs âgés de 55 à 65 ans est une des meilleures en Europe, réforme elle aussi régulièrement son système de retraite basé sur trois piliers. Elle s’intéresse également vivement à l’allongement de la vie professionnelle pour deux raisons principales : premièrement, ayant eu recours plus tardivement que les pays voisins à la retraite anticipée, elle risque de constater que les entreprises, sur une échelle significative, continuent d’accorder des retraites anticipées à leurs employés, retardant donc une prise de conscience de la nécessité de limiter cette politique ; deuxièmement, elle est en mesure de bénéficier de l’expérience de pays voisins et de leurs nouvelles politiques et mesures d’allongement de la vie au travail. La Suisse pourrait donc se préparer à adopter des mesures comparables et adaptées à sa situation spécifique, et donc aborder le vieillissement de la population, et en particulier celui de la population active, dans une bonne position. Il est, en effet, reconnu que ces nouvelles politiques et mesures nécessitent un débat démocratique entre les partenaires sociaux et au sein de la population et requièrent un délai important de préparation et de maturation dans les entreprises.