La Suisse ne dénombre pas moins de 200 festivals de musique, en comptant les festivals membres de la Swiss Music Promoters Association (SMPA), de la fédération PETZI et les festivals à l’agenda du site Route des Festivals (état janvier 2019). En comparaison européenne, la Suisse est le pays qui affiche la plus grande densité par habitant de clubs et festivals de musique live. La Suisse romande accueille 120 festivals, soit 60 % du total national, une proportion importante compte tenu de la répartition de la population (23 % des habitants suisses en 2017 sont romands, selon l’Office fédéral de la statistique). En se penchant encore plus sur la situation géographique de ces festivals, on découvre que plus de 60 de ces évènements musicaux ont lieu sur les bords du lac Léman, soit un festival de musique sur deux.

Le Montreux Jazz, fleuron économique de la Riviera

Si l’économie des festivals est complexe à étudier dans son ensemble – une grande majorité des festivals de musique concernés est à but non-lucratif, et certains paramètres financiers importants, tels que les cachets payés aux artistes, restent confidentiels –, il ne fait aucun doute qu’il existe des retombées économiques directes sur la région. Au ni veau suisse, les 35 lieux membres de la SMPA (représentant 80 % des ventes de billets sur la Suisse entière) généraient 354 millions de francs de chiffre d’affaire en 2017. Le  Montreux Jazz dégage à lui seul entre 50 et 55 millions de francs de retombées économiques sur la Riviera, selon le professeur Francis Scherly (HEC Lausanne), tandis qu’une étude récente sur la région de Nyon/Morges estimait les retombées économiques directes de l’ordre de 41 millions de francs pour le Paléo et 94 000 francs pour le plus modeste JVAL Openair, dont le comité d’organisation est bénévole.

Ça joue sur les bords du Léman (freestocks.org, unsplash)

Les festivals de musique en Suisse sont largement autofinancés et ne reçoivent que peu de subventions. Par exemple, les 69 festivals des membres de l’association PETZI ne reçoivent dans leur ensemble que 3,2 millions de francs de subventions. En comparaison européenne, en 2014, les clubs et festivals à but non lucratifs étaient subventionnés à hauteur de 29 % en Suisse contre 41 % dans le reste de l’Europe. Il existe également une particularité suisse à cet égard : ce sont les plus gros festivals qui bénéficient des subventions les plus généreuses. Par exemple, les grands festivals PETZI reçoivent en moyenne 88 000 francs contre 39 000 francs pour les petits festivals de la même association, soit deux fois plus. Les festivals doivent donc compter sur d’autres rentrées d’argent, à l’image du Cully Jazz dont le budget est couvert à 40 % par les bars et la restauration, à 30 % par la billetterie, à 15 % par le sponsoring et à 15 % par les subventions, selon une interview du Temps en 2015, illustrant l’importance de trouver des sponsors. Les festivals de musique s’inscrivent donc dans une dynamique d’économie locale, créant une certaine concurrence, à la fois entre les festivals à la recherche de sponsors, et également entre sponsors pour l’accès à l’exclusivité d’un festival.

Un biotope pour les festivals

L’offre foisonnante de festivals sur l’Arc lémanique ainsi que l’attractivité de la région pour son cadre idyllique, mais surtout pour son accessibilité – un critère important pour la fréquentation d’un festival –, induit une efflorescence de festivals de tailles variables, venant côtoyer les géants que sont Paléo, Caribana et le Montreux Jazz. On peut observer une versatilité de l’offre disponible, de nouveaux festivals apparaissant chaque année et d’autres disparaissant après une poignée d’éditions. Cela permet une complémentarité entre les festivals établis depuis des décennies et les nouveaux (micro-) festivals éphémères. La région concentre une densité exceptionnelle de festivals de musique : sur les quelques 200 festivals de musique en Suisse, 30 % ont lieu dans la région lémanique. En comparaison européenne, ces festivals ont un degré d’autofinancement très élevé, expliquant la concurrence pour les sponsors et la forte capacité d’innovation.

Retrouvez cet article et d’autres concernant la région dans notre publication «Le dynamisme unique de l’Arc lémanique».