L’Union Syndicale Suisse (USS) combat chaque tentative de baisse du taux de conversion. Ses raisons sont compréhensibles, mais son argumentation fragile. Elle ignore l’augmentation de l’espérance de vie observée selon toutes les tables de mortalité et refuse de reconnaître le bien-fondé d’une baisse du taux de conversion. L’USS s’appuie sur des études étrangères qui dévoilent une moindre espérance de vie des actifs à bas revenu pour rejeter une baisse du taux de conversion de ce segment de population en Suisse.

Bien difficile de contrer ce diagnostic. Mais, si le taux de conversion prend pour référence les secteurs ayant la plus faible espérance de vie, l’effet de redistribution peut être dévastateur.

Les actifs subventionnent les retraités

Le rapport du Conseil Fédéral sur l’avenir du 2e pilier le décrit avec un calcul d’une extrême simplicité. En 2016, l’avoir de vieillesse moyen d’un nouveau retraité s’élèvera à 300 000 CHF. Le taux de conversion sera de 6,8 %, ce qui induit une rente annuelle d’environ 20 000 CHF. Avec le taux de 6,4 % – celui que le peuple suisse a refusé en votation en 2010 – l’avoir de vieillesse devrait grimper à 319 000 CHF pour financer une rente identique. Autrement dit, chaque retraité obtiendrait une subvention croisée de 19 000 CHF. Avec 30 000 nouveaux retraités par an, la subvention annuelle atteint 600 millions de francs.

Beaucoup d’experts pensent même qu’un taux de conversion de 6,4 % serait trop généreux. Certaines caisses de pension, comme celle des CFF, ont d’ailleurs fixé le taux de référence à 5,8 %. Avec de tels objectifs, les subventions croisées dépassent très vite le cap du milliard de francs (voir tableau).

Préserver la confiance dans la prévoyance professionnelle

La Suisse peut être fière de son système de prévoyance solidement ancré sur trois piliers. La couverture élargie de la prévoyance professionnelle et le stock de capital imposant qui en résulte et qui est mis à disposition de l’économie suisse, sont d’authentiques acquis. Le changement démographique nous force toutefois à un examen régulier des paramètres du système, et au besoin à leur ajustement. L’opposition catégorique de l’USS à la baisse du taux de conversion dépasse les seuls intérêts particuliers des nouveaux retraités. Elle ébranle la stabilité financière et altère la confiance dans l’édifice de la prévoyance professionnelle.