L’esprit d’innovation et l’ouverture au monde, la structure fédéraliste, la concurrence entre les cantons, notre démocratie semi-directe, la stabilité de l’Etat et la fiabilité sont les piliers de l’accès de notre pays à la prospérité économique. L’esprit d’innovation et l’ouverture au monde sont interdépendants.
Les fondateurs d’entreprises suisses aujourd’hui connues dans le monde entier sont souvent des personnes innovantes issues de la migration, comme Henri Nestlé, d’origine allemande ou Nicolas Hayek, originaire du Liban. Aujourd’hui encore, la Suisse offre un terreau fertile aux entrepreneurs progressistes d’où qu’ils viennent. Mais le chemin vers le succès, qui a beaucoup contribué à la prospérité d’une grande partie de la population, est de plus en plus semé d’embûches. Politiquement, il est communément admis que la Suisse en tant que pays pauvre en matières premières est tributaire de la haute qualité de la formation si elle veut continuer à s’affirmer face à la concurrence mondiale. Nous sommes donc très fiers lorsque nos hautes écoles arrivent en tête des classements en la matière.
Mais la recherche de pointe exige de l’internationalité. De la même manière que le système fédéraliste favorise la concurrence entre les cantons pour offrir les meilleures solutions aux citoyens et citoyennes, les meilleures universités sont dans la concurrence globale pour attirer les meilleurs cerveaux. Les Ecoles polytechniques, l’institution de formation leader en Suisse, ont une part de 66% de professeurs étrangers. Qu’on fulmine contre le trop grand nombre de professeurs étrangers lors de tables rondes ou que les professeurs des hautes écoles soient régulièrement dénigrés au niveau politique semble paradoxal. L’esprit d’innovation et l’ouverture au monde exigent aussi de s’exposer à la concurrence mondiale avec des services toujours meilleurs, et non pas de s’isoler.
Le petit Etat qu’est la Suisse avec son marché intérieur restreint est tributaire de la possibilité de vendre à l’étranger les produits de haute qualité de nos entreprises. Cela implique un libre accès aux marchés étrangers. Nestlé et Novartis ne seraient pas devenus les leaders mondiaux de leur domaine dans un marché suisse isolé. L’ouverture au monde signifie un commerce extérieur qui fonctionne. Ce dernier favorise la croissance économique suisse de façon décisive. Entre 1995 et 2015, il a contribué en moyenne à un quart de la croissance du PIB. Contrairement à certaines critiques, l’ouverture au monde de la Suisse et l’esprit d’innovation ont effectivement diminué les inégalités en Suisse, et ne les ont pas augmentées.
Entre 1990 et 2010, la part de la classe moyenne dans la population totale est passée de 65 à 68 %. Il est donc opportun de discuter sobrement et en se basant sur les faits, lors des débats relatifs à des questions importantes, telles que les éventuels nouveaux contrats commerciaux régionaux (comme le TTIP), les relations futures de notre pays avec l’Europe, la sécurité d’accès aux marchés européens, ou les débats sur la situation de la classe moyenne. L’ouverture au monde et l’esprit d’innovation imposent aussi de se souvenir des piliers de la prospérité économique de la Suisse depuis 1848.
La version originale de cet article en allemand a été publiée le 7 novembre 2016 dans le «St. Galler Tagblatt» et dans la «Luzerner Zeitung» (éditions imprimées). Reproduit avec l’aimable autorisation des rédactions.