Les certificats médicaux sont en général axés sur le négatif : ils décrivent avant tout l’incapacité de travail. Ils fixent souvent la durée, le taux d’occupation et éventuellement la date de la prochaine évaluation médicale. Ainsi, l’employeur sait uniquement combien de temps au minimum il va rester dans l’incertitude ; il n’en sait pas davantage.

Un moyen d’améliorer la communication entre le médecin et l’employeur consiste à axer les certificats de travail sur la capacité au lieu de l’incapacité de travail. Pour cela, de nombreux formulaires ont déjà été développés, qui cependant ne sont presque pas utilisés. Une nouvelle initiative dénommée PIR (Profil d’intégration axé sur les ressources) a été lancée par l’association Compasso, sous le patronage de l’Union patronale suisse.

Une démarche communeentre employé, employeur et médecin

Pour établir un profil d’intégration axé sur les ressources (PIR), l’employé et l’employeur commencent dans un premier temps par définir ensemble une liste des activités caractérisant le poste. Ce sont par exemple des exigences relatives à la position du corps (par ex. être debout, être assis), à la mobilité (par ex. tourner la tête, mouvoir les jambes), des exigences en matière de compréhension, (par ex. capacité de concentration, planifier soi-même le travail), ainsi que concernant les conditions-cadre de la place de travail (par ex. horaires et lieu de travail). Les activités requises peuvent être aisément sélectionnées en ligne à l’aide d’une liste avec cases à cocher, pour être ensuite imprimées.

Dans un second temps, l’employé emmène la liste ainsi préparée lors de sa prochaine visite chez le médecin. Celui-ci évalue avec lui ses aptitudes pour chaque exigence spécifiée (possible, pas possible, possible aux conditions suivantes…). Le formulaire peut être rempli à la main (voir image ci-dessous). Les informations transmises à l’employeur ne concernent que l’employabilité (capacité opérationnelle) ; aucune donnée spécifiquement médicale telle que des diagnostics ou des résultats d’examen n’est communiquée. Le médecin est défrayé par l’employeur à hauteur de 100 francs pour son évaluation. L’employé n’a aucun frais à sa charge.

Avec le PIR, le médecin doit évaluer seulement les capacités qui ont été définies comme pertinentes dans le formulaire rempli en commun par l’employé et l’employeur. Grâce à la présélection des rubriques, non seulement le médecin économise du temps, mais il prend également connaissance des exigences essentielles du poste de travail de son patient. Les informations détaillées sur les exigences concrètes réduisent les déficits d’information entre le médecin et l’employeur. 

Dans un troisième temps, le formulaire ainsi rempli sert de base de discussion entre le salarié et l’employeur, qui définissent la manière de procéder par la suite. Le simple fait de s’engager dans une démarche commune indique que les trois parties souhaitent favoriser la réintégration, ce qui aide à la guérison. 

L’évaluation des capacités, précisément qualifiée (possible, pas possible ou possible aux conditions suivantes) donne à l’employeur et à l’employé une attestation spécifique à un poste, formulée dans un langage simple et qui facilite la planification de la reprise du travail. L’employeur obtient également d’importantes informations pour l’accompagnement de son salarié, dans le respect de la protection des informations médicales.

Un système largement soutenu mais encore méconnu

Aujourd’hui, grâce au nombre important de membres de l’association Compasso, le PIR bénéficie déjà d’un large soutien. Compasso, outre le patronage de l’Union patronale suisse, reçoit l’appui de trois autres sponsors principaux (l’Association suisse des assurances, Helsana et Suva), huit sponsors (Coop, La Mobilière, La Poste, Swisscom, CFF, Conférence des offices AI, Swiss Life et le Groupe Mutuel), ainsi que celui de sa centaine d’autres membres. 

Le PIR est toutefois un instrument relativement nouveau et est encore peu utilisé, en raison notamment de son manque de notoriété. Les organisations patronales ont ici un rôle à jouer. En menant des campagnes d’information auprès de leurs membres, elles devraient souligner l’importance et le bénéfice de l’utilisation de cet instrument et ainsi contribuer à une meilleure collaboration entre le médecin et l’employeur.  

D’ailleurs, les employeurs peuvent aujourd’hui déjà exiger un certificat détaillé du médecin traitant, dans la mesure où ils remettent à ce dernier un descriptif des exigences du poste et qu’ils prennent en charge les coûts d’établissement du certificat. Le PIR offre une solution idéale pour satisfaire ce besoin. Les employeurs devraient l’exiger le plus rapidement possible, par exemple à partir de 30 jours d’incapacité de travail.

C’est pourquoi les sociétés de médecine devraient en outre œuvrer pour l’inclusion du PIR dans le curriculum de formation des médecins. Idéalement, cela devrait prendre place dans le cadre de l’obtention du titre FMH, afin que les médecins qui ont suivi leur formation de base à l’étranger soient également informés du potentiel de cet instrument.