La Suisse a-t-elle une politique financière trop restrictive? Depuis plusieurs mois, des économistes plaident pour un assouplissement du frein aux dépenses. Ils réclament davantage d’investissements publics. Pour Avenir Suisse, ce serait une erreur. Le laboratoire d’idées défend, au contraire, une extension du frein à l’endettement, notamment pour les assurances sociales. A l’appui de son plaidoyer, un grand sondage réalisé auprès des lecteurs du Matin et du Blick. Les résultats confirment l’attachement des Suisses à l’équilibre budgétaire et aux politiques d’austérité. Explications avec Marco Salvi, chercheur à Avenir Suisse et directeur de l’étude.

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Marco Salvi, directeur de l’étude d’Avenir Suisse. Image : Avenir Suisse

Pourquoi ce sondage sur la politique budgétaire de la Confédération?

Au niveau fédéral, les Suisses ne peuvent voter que sur des dépenses ponctuelles, comme l’achat d’avions de chasse. Mais ils ne peuvent pas se prononcer sur la politique financière générale. Le sondage nous a permis de vérifier notre pressentiment. Il y a dans la population un fort soutien au frein à l’endettement. Même si les taux d’intérêt sont très bas, s’endetter est assez loin des attentes du public en matière de politique financière. Les Suisses veulent une politique budgétaire saine.

Ils sont même prêts à davantage d’économies, par exemple dans l’administration et dans l’agriculture…

Pour l’administration publique, il n’y a rien de surprenant. Mais ce qui m’a interloqué, ce sont les résultats sur l’agriculture. Ce secteur a de forts relais au parlement. Et on explique toujours le soutien dont il bénéficie par l’attachement des Suisses à l’agriculture. Or on voit qu’il y a une différence entre le pouvoir politique et une partie de l’opinion publique – surtout dans les villes ou au centre gauche – qui est prête à réduire les subventions agricoles.

Avenir Suisse suggère d’étendre le frein à l’endettement aux assurances sociales. Là, la résistance est très vive dans la population…

49% des sondés sont contre, c’est vrai. Mais 39% sont pour. Cela veut dire que l’on doit encore mieux expliquer la situation à long terme des assurances sociales. Les jeunes générations, les personnes en dessous de 55 ans, ont compris les enjeux et soutiennent ce frein à l’endettement pour assurer la pérennité des assurances sociales. Un premier pas, c’est déjà ce mécanisme de relèvement graduel de l’âge de la retraite à 67 ans, comme l’a proposé le Conseil national. C’est une mesure qui ne dépend pas de scénarios financiers, mais qui repose sur un critère objectif: l’état du fonds AVS. Cela fait déjà quinze ans qu’Avenir Suisse plaide pour un passage à 67 ans de l’âge de la retraite.