La pandémie de coronavirus, qui touche désormais tous les continents, a également des conséquences dramatiques pour la société et l’économie de la Suisse. Le Conseil fédéral a déclaré que la situation était exceptionnelle. L’atteinte massive que ces mesures représentent vis-à-vis du droit fondamental à la liberté économique l’est tout autant.

Le paquet de mesures présenté le vendredi 20 mars 2020, qui s’apparente à un tour de force gouvernemental, aborde les principaux problèmes économiques : l’assèchement des liquidités pour les entreprises et le manque à gagner dû au chômage partiel. Cette aide immédiate de 42 milliards de francs permettra d’atténuer les conséquences économiques de la crise dans les mois à venir. Le montant est exceptionnel, mais économiquement justifiable. Le Conseil fédéral, en revanche, a raison de ne pas lancer de plans de relance économique, dont les effets seront peu perceptibles.

La force d’innovation des entreprises suisses dans cette situation de crise est également extraordinaire, tout comme la capacité d’adaptation des travailleurs et des consommateurs. Ils font preuve de flexibilité, s’appuient de plus en plus sur les canaux de commande et de vente numériques et, dans la mesure du possible, le télétravail est à l’ordre du jour. De nouvelles formes numériques de distribution sont lancées en un rien de temps dans la logistique.

Ainsi, alors que la majorité de la population ainsi que la politique et l’économie tentent de maîtriser la pandémie calmement et méthodiquement, les forces roses-vertes veulent profiter de la crise pour renverser notre ordre libéral.

Certaines solutions proposées pour faire face à la crise reviennent à jouer avec le feu [jodylehigh, pixabay]

C’est l’heure des tours de passe-passe : les syndicats propagent un plan de relance économique, les socialistes appellent à une restructuration écologique de l’économie avec des contributions qui se chiffrent en centaines de milliards, et les forces vertes postulent une renationalisation économique. Certains professeurs lancent un appel très médiatisé en faveur d’un paquet de 100 milliards sans savoir en détail à quoi cet argent servirait.

Il est frappant de constater que les partisans du plan de relance économique ferment les yeux sur la situation sanitaire actuelle. Après tout, stimuler la consommation est largement indésirable à l’heure actuelle :  il faut au contraire la restreindre pour combattre le virus. Et les partisans d’une renationalisation ne reconnaissent pas que la pandémie a déclenché une crise sanitaire mondiale, mais n’est pas une crise de la mondialisation.

Il est vrai que la crise risque de durer plusieurs mois et de provoquer de nouvelles distorsions économiques au niveau international. Toutefois, remettre en question l’intégration extrêmement réussie des entreprises suisses dans l’économie mondiale serait d’une grave négligence.

D’une part, les prochains mois de situation exceptionnelle sont contrastés par des décennies croissance de la prospérité grâce à la mondialisation. D’autre part, une stratégie de renationalisation économique serait tout sauf adaptée pour maîtriser la crise sanitaire mondiale. La lutte contre la pandémie exige non pas moins mais plus de coopération internationale, notamment pour combler les lacunes de l’offre et développer des vaccins et des médicaments.

Ce texte est paru dans la «Handelszeitung» du 26 mars 2020.