La politique de formation s’articule souvent autour du principe «chaque centime compte», qui n’a jusqu’à présent jamais fait l’objet d’une vérification approfondie. Heureusement, cela a changé. Une nouvelle étude de l’Institut de politique économique suisse (IWP) s’est penchée sur le sujet et a tiré des conclusions étonnantes.

Les auteurs de l’étude n’observent pas de lien entre le montant des dépenses pour l’éducation et le taux de réussite. Ils en déduisent que l’allocation des fonds l’emporte sur leur montant. La manière dont l’argent est utilisé est donc plus importante que le montant effectif. Ce plaidoyer pour plus de qualité plutôt que de quantité dans la politique de formation repose toutefois sur des données incomplètes.

Existe-t-il un lien entre le montant des dépenses et le taux de réussite ? (Unsplash)

De nombreux facteurs d’influence – peu de données

Dans le domaine de l’éducation en particulier, il est difficile de déterminer l’influence exacte des différents facteurs. La plupart se croisent et rendent ainsi difficile une analyse précise. Par exemple, on peut s’attendre à ce que les cantons décident d’investir plus d’argent si les écoliers sont moins bons.

Les auteurs de la nouvelle étude de l’IWP en sont toutefois conscients. Une approche avec des variables instrumentales est donc utilisée pour répondre à cette problématique. Cette approche ne fait toutefois pas l’unanimité, car il est souvent difficile de trouver de bonnes variables instrumentales. De plus, de nombreuses données ne sont disponibles qu’au niveau cantonal.

De ce fait, le rapport sur l’éducation renonce à mettre en relation les inputs et les outputs. Il faudrait disposer de données correspondantes au niveau micro sur les classes et les enseignants pour pouvoir tirer des conclusions plus concrètes des résultats de «la vérification de l’atteinte des compétences fondamentales» (tests COFO).

Mais faire l’autruche et continuer à naviguer à l’aveugle en raison de telles difficultés ne peut pas être une solution. C’est pourquoi l’étude susmentionnée constitue un premier pas important pour faire la lumière sur la situation.

Adapter la collecte des données lors du contrôle qualité

Pour l’avenir, il convient de combler les lacunes identifiées en matière de données. Il serait notamment judicieux de relever, lors des prochains tests COFO, les paramètres permettant d’analyser l’efficacité de l’utilisation des ressources. Pour que les fonds publics soient bien utilisés, il est également important d’examiner davantage quelles mesures ont une influence particulièrement positive sur le taux de réussite, et ce n’est qu’ainsi que l’on pourra déterminer leur efficacité.

Pour la politique de formation, il est clair qu’il ne faut pas investir toujours plus d’argent sans réfléchir. L’importance des dépenses en matière d’éducation est finalement secondaire. Le taux de réussite doit être au centre des préoccupations, et pour cela, il faut utiliser les fonds de la manière la plus efficace et efficiente possible. Ce n’est qu’ainsi que le système scolaire suisse pourra suivre l’évolution rapide du monde actuel.