En tant que pays ayant une croissance notoirement faible, la Suisse s’offre le luxe d’entraver de bien des manières les nouvelles activités économiques, notamment les gros investissements dans les immobilisations corporelles. C’est avec des marges de sécurité excessives, fréquemment les plus importantes du monde entier, que notre politique en matière d’environnement contribue largement à cet abus. C’est justement en Suisse qu’on devrait avoir compris que la prévention de risques à un coût économique, alors qu’on continue à occulter cette vérité de La Palisse.

Il y a vingt ans, le parlement a donné son aval au droit de recours des associations environnementales dans le cadre de la loi sur la protection de l’environnement. Grâce à cet aval, les associations obtinrent une position particulière et para-administrative qui leur permet d’intervenir dans des projets de construction importants. Il est rare, qu’elles aient à faire valoir leur droit de recours par voie de justice. Lorsque des recours sont latents, les responsables de projets sont fréquemment disposés à entamer des négociations dans le cadre desquelles les associations cherchent à imposer leurs revendications. S’agissant des projets concernés, ce sont souvent d’importants enjeux économiques qui sont en cause. S’y ajoute que la structure complexe du droit de l’environnement fait la part belle aux procédures d’exécution formelles et bureaucratiques. C’est pourquoi, en fin de parcours, les répercussions concrètes d’interventions relevant de la politique de l’environnement ne sont plus obligatoirement conformes aux objectifs directeurs de la protection de l’environnement. Rien d’étonnant, car le droit de recours des associations est devenu une constante politique au cours des dernières années.