Les villes suisses occupent souvent les premières places dans les classements internationaux de qualité de vie et les enquêtes auprès de leurs habitants démontrent un degré élevé de satisfaction. Mais à quel point ce «modèle à succès» est-il pérenne ? Les villes sont-elles prêtes à relever les grands défis des années à venir, liés à la transition démographique et l’avènement de la digitalisation ? Certains facteurs importants, ayant permis un essor des villes au cours des deux dernières décennies, disparaissent progressivement : l’immigration qualifiée diminue, la mondialisation est remise en question et il est peu probable que les recettes fiscales soient à nouveau aussi abondantes que par le passé.

«Smart City libérale»

Le monitoring des villes d’Avenir Suisse se base sur le concept d’une «Smart City libérale», caractérisé par cinq adjectifs : intelligent, libéral, efficace, durable (au niveau écologique, social et économique) et urbain. L’évaluation se construit sur 47 indicateurs répartis entre huit domaines thématiques couvrant l’ensemble de la politique urbaine. Notre étude montre que toutes les villes peuvent apprendre les unes des autres : chacune des dix villes étudiées se classe au moins une fois première d’un indicateur et une fois à la dernière place.

Au classement général, Zurich est en tête, suivie de Bâle et Berne. Les trois villes romandes – Lausanne, Bienne et Genève – occupent respectivement la septième, huitième et dixième place. Ces mauvais classements globaux cachent cependant des exemplarités au niveau des indicateurs individuels. Lausanne est leader en matière de politique sociale, tandis que Genève obtient un très bon résultat pour la présence de nombreux espaces verts et l’accès facile aux services les plus importants. Enfin, Bienne montre l’exemple pour l’externalisation de ses entreprises municipales.

Des améliorations sont possibles

En principe, les villes suisses sont bien positionnées dans de nombreux domaines. Contrairement à beaucoup de métropoles dans le monde, elles sont loin de la faillite publique, les administrations fonctionnent de manière satisfaisante et le niveau des infrastructures est élevé. Néanmoins, des améliorations sont possibles : les villes seraient bien avisées de surmonter leurs réserves envers les mécanismes de marché et de s’orienter vers des principes modernes de gouvernance, comme par exemple une plus grande indépendance pour les entreprises municipales ou une délégation étendue des décisions opérationnelles aux unités administratives en aval.

De plus, la politique urbaine actuelle ressemble souvent à une guerre de tranchées idéologique. Les villes suisses jouent un rôle important dans la structure de l’Etat en tant que laboratoires d’expérimentation pour des solutions non conventionnelles à des problèmes existants. Cependant, elles n’y parviennent que dans une mesure limitée, et les conflits politiques tournent souvent en rond autour des parkings, des pistes cyclables ou des coopératives d’habitation.

Avec ce projet de monitoring urbain, Avenir Suisse poursuit sa série d’études comparatives au niveau fédéral qui a débuté en 2008 avec le premier projet de monitoring des cantons. Ces publications visent à mettre en avant les stratégies politiques réussies et celles qui le sont moins. Grâce à cette transparence, les villes peuvent apprendre mutuellement les unes des autres et ainsi tirer des avantages de nos structures fédéralistes.