Les exigences à l’égard des employés, notamment concernant la disponibilité au niveau des horaires et le degré de qualification, n’ont pas diminué – bien au contraire. En conséquence, des revendications pour plus de responsabilités, de marge de manœuvre, de droits de codécision et une évolution de la rémunération, basée sur des salaires élevés, émergent. Les femmes veulent exploiter leur savoir et leurs compétences dans le monde du travail et aspirent à une nouvelle répartition des rôles au sein de la famille. Mais les hommes souhaitent également pouvoir mieux concilier vie de famille et vie professionnelle. En ce qui concerne la prévoyance vieillesse, les employés souhaitent avoir la possibilité de choisir une stratégie d’investissement individuelle, adaptée aux préférences en matière de risques de chacun. Cependant, le rapide changement économique et sociétal a occasionné beaucoup d’insécurité. C’est une des raisons pour lesquelles beaucoup des gens réclament le maintien de leurs acquis. Les revendications à l’égard de l’Etat augmentent en conséquence, tandis que la volonté d’introduire des réformes, dans le domaine de la prévoyance vieillesse justement, diminue.

Des objectifs variables

Les parcours de vie ne sont plus aussi linéaires qu’autrefois. Les buts évoluent selon les cycles de vie : pour les jeunes la mobilité, une formation solide et des expériences à l’étranger jouent un rôle important. Afin de réaliser ces objectifs, ils économisent selon leurs moyens. Par la suite, d’autres intérêts émergent – comme le souhait d’assurer une bonne éducation à ses enfants. Posséder son propre logement peut être un autre objectif, comme en témoigne la forte augmentation de la dette hypothécaire au cours des vingt dernières années. Finalement, l’attention se porte sur l’indépendance financière après la retraite : les personnes qui vieillissent souhaitent rester mobiles. Malgré des états de santé parfois difficiles, elles désirent se faire soigner aussi longtemps que possible à leur domicile et déménager, si le besoin se fait sentir, dans une résidence pour personnes âgées de leur choix. Quel que soit la phase de vie, les personnes renoncent à consommer aujourd’hui pour économiser pour l’avenir.

Scepticisme envers les institutions de prévoyance

Bien entendu, la prévoyance vieillesse n’est pas au sommet de la liste des priorités pour les jeunes. Pourtant, l’intérêt encore mineur pour le sujet va devoir évoluer bon gré mal gré vers un examen plus poussé. Les interruptions de carrières tout comme les divorces devraient pouvoir être compensés financièrement. Le scepticisme envers les prestations financières futures des organismes de prévoyance augmente chez la jeune génération. La politique de taux d’intérêts très faibles, voir même négatifs, qui détériore les rendements et se poursuivra probablement encore longtemps, modifie également le comportement face à l’épargne : on a tendance à mettre plus d’argent de côté. Et cela, car il faut plus de temps pour atteindre des objectifs d’épargne et d’investissement puisque l’intérêt composé des placements est moindre, si l’on ne veut pas se lancer dans des placements plus risqués, qui présupposent des connaissances en finances poussées.

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Les personnes qui vieillissent souhaitent rester mobiles dans la mesure du possible. (Image Wikimedia Commons)

La qualité de vie est toutefois la préoccupation essentielle. Elle est caractérisée par la sécurité financière ainsi que l’indépendance, tout comme un niveau de revenu et de prospérité, qui permettent et facilitent la réalisation d’objectifs de vie matériels et immatériels. La qualité de vie, en ce sens, n’est possible qu’en ayant des conditions-cadres qui permettent aux personnes de réaliser leurs objectifs personnels.

Ce texte est basé sur un interview paru le 28 juillet 2016 sur le site Panorama-Magazin/ Raiffeisen-Blog.