Dans les débats médiatiques, le concept d’«économisation de la formation» fait souvent référence à une tendance supposée négative dans le paysage de la formation. Il sous-entend qu’il existe une opposition entre l’enseignement et la pensée économique. En réalité, ces deux domaines sont depuis toujours étroitement liés. En observant la part de diplômés intégrés au marché du travail ou la capacité d’innovation, on voit que la Suisse obtient des résultats remarquables – justement parce que les institutions de formation et les entreprises travaillent ensemble. Ce n’est pas par hasard que le système de formation duale est considéré comme un pilier de la prospérité suisse.
Alors qu’elle est bien acceptée dans certains secteurs, la coopération entre les entreprises et les établissements d’enseignement est dénigrée dans d’autres. C’est notamment le cas du financement privé de chaires qui représente toujours une pierre d’achoppement. Les opposants aux soutiens non étatiques sous-entendent qu’à travers des dons ou le financement de chaires, l’économie exercerait de l’influence sur les résultats des recherches.
Cet argument vise le noyau de la science, qui dépend surtout de la crédibilité des résultats de ses recherches. C’est pourquoi, la Fédération européenne des académies de sciences et des humanités (ALLEA) a élaboré quatre principes pour le recours aux subventions privées :
- La transparence sur les conditions contractuelles entre le donateur et le destinataire.
- Pas d’influence des donateurs lors des procédures de nomination.
- Des procédures de nomination identiques pour les chaires financées de manière privée et de manière publique.
- Affirmation explicite de la liberté académique dans l’enseignement, la recherche et l’engagement public.
Ces principes assurent que l’indépendance de la recherche et de l’enseignement ne soit pas mise en péril. Le critère de transparence explique pourquoi les donateurs sont souvent mentionné explicitement dans la chaire. En même temps, l’utilisation du nom du donateur témoigne du degré élevé de reconnaissance de la haute école. Le financement supplémentaire permet effectivement une augmentation des capacités de recherche.
De ce fait, le complément provenant du privé augmente la marge de manœuvre d’une haute école et permet plus de flexibilité dans l’utilisation des aides publiques. Une large autonomie des hautes écoles ne peut être atteinte qu’à travers des sources de financement diversifiées. Car les subventions de l’Etat ne rendent pas la recherche plus indépendante en soi. L’orientation des programmes nationaux de recherche (PNR), par exemple, est définie par les préférences politiques du Conseil fédéral.
La part de la recherche financée par le secteur privé ne représente qu’une faible partie du volume total du financement des hautes écoles. La charge principale continue à être supportée par le secteur public. Il ne peut par conséquent pas être question d’une dépendance de la recherche par rapport à l’économie. Le risque d’un financement insuffisant des hautes écoles se trouve plutôt dans la lutte pour la distribution des fonds publics.
Les donateurs privés fournissent une contribution importante, autant en élargissant la base de financement des hautes écoles, qu’en permettant une planification sur plusieurs périodes législatives. Un équilibre entre les chaires financées par des tiers et celles qui le sont par les établissements eux-mêmes est néanmoins nécessaire. Les postes de professeurs financés de manière privée devraient toujours être en adéquation avec l’orientation stratégique d’une haute école.
Finalement, le soutien privé des institutions de formation est l’expression de la confiance de l’économie envers les hautes écoles suisses. L’excellence de la recherche est en première ligne dépendante de la motivation intrinsèque des chercheurs, de leur créativité et de leurs capacités. Pour ce faire, il faut leur fournir les ressources nécessaires.
Vous trouverez des informations supplémentaires dans la publication «Les hautes écoles suisses – Plus d’excellence, moins de régionalisme».