Selon l’étude de faisabilité présentée le 26 janvier dernier, le projet «Cargo sous terrain», qui vise à transférer le transport de marchandises en Suisse de la route dans un réseau de tunnels, devrait être techniquement et commercialement réalisable. Néanmoins, Daniel Müller-Jentsch exprime son scepticisme à l’égard de plusieurs aspects du projet.

Il se penche tout d’abord sur la question du financement. Il rappelle notamment que la construction de tunnels correspond à l’infrastructure de transports la plus chère sur la base du coût au kilomètre. De plus, il s’agit là de créer une nouvelle infrastructure qui fonctionnera en parallèle au système existant. Il recommande donc au préalable une analyse coûts/bénéfices du système dans sa globalité.

En outre, il considère qu’il s’agit d’un mauvais aiguillage en matière de politique des transports. «Cargo sous terrain» met l’accent sur de fausses priorités et s’appuie uniquement sur la dimension matérielle, sous la forme d’une nouvelle infrastructure. Au contraire, une approche basée sur la technologie innovante et des incitations en matière de prix est meilleur marché, plus flexible et pourrait être mise en place plus rapidement.

Enfin, la planification à long terme lui semble contestable. La première étape du projet sera mise en service au plus tôt en 2030. Néanmoins, la mobilité aura fortement évolué et les perspectives auront changé d’ici une quinzaine d’années. Relevons à titre d’exemple les systèmes de conduite autonome, le car sharing, des applications pour trouver une place de parking ou encore l’e-Mobility. En se lançant dans le projet «Cargo sous terrain», Daniel Müller-Jentsch regrette que nous nous engagions pour une technique spécifique pendant des décennies.

Face aux besoins en mobilité croissants, Daniel Müller-Jentsch propose d’autres solutions pour éviter les goulets d’étranglement sur la route et le rail : l’utilisation des nouvelles technologies pour optimiser les flux de transports et la mise en place de mécanismes de prix tels que le Mobility Pricing.

Selon le chef de projet, les problèmes de surcharge actuelle des transports sont dus à de fausses incitations qui pourraient être corrigées par le Mobility Pricing. Des prix différenciés selon les horaires pourraient désengorger les trains et les routes aux heures de pointe et apporter davantage de transparence dans les coûts. Ce système couplé aux nouvelles technologies représenterait une politique des transports plus adaptée pour répondre aux défis en matière de mobilité.

L’interview réalisée par Robert Mayer a été publiée en version intégrale (en allemand) le 26 janvier 2016 sur tagesanzeiger.ch et est disponible ici.