Un large public s’est réuni pour assister à cet événement, au cours duquel Tibère Adler, Directeur romand d’Avenir Suisse, a présenté les conclusions de l’étude de Daniel Müller-Jentsch. Il a rappelé l’importance pour la Suisse de ce secteur méconnu, un véritable écosystème composé de 12 900 fondations, qui fait de la Suisse une des places fortes de la philanthropie mondiale. La fortune globale de ce secteur qui représente 10% du PIB national est estimée à plus de 70 milliards de francs, avec des dépenses annuelles de l’ordre de 1,5 à 2 milliards de francs.
Les raisons à cela sont multiples, regroupant notamment une culture philanthropique développée, de bonnes conditions-cadres et la présence dans une zone restreinte d’un ensemble d’acteurs nécessaires (entrepreneurs, fondateurs, organisations internationales et non-profit, donateurs fortunés, institutions financières). Au cours des trois décennies précédentes, le nombre de fondations a augmenté sur le territoire suisse, à tel point que 400 d’entre elles se créent chaque année.
Compte tenu de ces mutations, de ce développement effréné, il y a lieu de se questionner sur les possibles améliorations d’un secteur certes dynamique et efficient, mais dont les faiblesses sont décelables. Celles-ci ont pour nom fragmentation, manque de transparence et gouvernance perfectible.
Une mise en perspective internationale par Mme. Sonia Patscheke, Directrice de FSG, a permis de tirer les enseignements des autres places fortes de la philanthropie mondiale que sont aujourd’huiSingapour, le Luxembourg et le Liechtenstein. Identifier les best practices, imaginer des réformes du paysage suisse des fondations à l’aune des exemples étrangers, tel était l’enjeu du débat. La réunion d’acteurs issus du monde philanthropique, en la personne de M. Thierry Lombard, Président de la Fondation Lombard Odier, de M. Pierre-Luc Maillefer, Président de la Fondation Leenaards, et des autorités cantonales, représentées par Mme. Anja Wyden Guelpa, Chancelière d’État de la République et canton de Genève et M. Pascal Broulis, Conseiller d’État vaudois, Chef du département des finances et des relations extérieures, a permis un dialogue constructif.
D’abord, il est à souligner que les intervenants ont salué le document de travail d’Avenir Suisse, ainsi que les propositions de réformes qu’il contient. À l’instar de nombreuses initiatives récentes, il s’inscrit dans une démarche de transparence, de mise en avant de cette thématique par trop souvent délaissée. Comme l’ont souligné les représentants des autorités cantonales, la philanthropie est un atout majeur pour l’État. Les fondations, véritables alliées des pouvoirs publics, permettent la réalisation de projets ambitieux et innovants, tels que les récents Campus Biotech à Genève ou Pôle muséal dans le canton de Vaud.
Si l’appel d’Avenir Suisse à une professionnalisation accrue du secteur est jugé pertinent, il est à rappeler que la dynamique est déjà lancée depuis quelques années, et que les fondations n’ont pas attendu pour moderniser leur fonctionnement et améliorer leur gestion. L’avenir de la place philanthropique helvétique passe aujourd’hui par une intensification des processus de regroupements et de fusions de petites fondations et par un dialogue étroit entre État et fondations, qui a montré toute son importance dans l’aboutissement de nombreux grands projets.
Surtout, le secteur doit aujourd’hui sortir de l’ombre, s’engager sur le chemin de la transparence, et lutter contre les préjugés encore trop présents dans l’opinion publique. Non, une fondation n’est pas la tentative d’entrepreneurs fortunés de se substituer à l’impôt. C’est un formidable instrument de mobilisation du capital privé en faveur de buts d’utilité publique, une forme de redistribution volontaire, expression d’une société citoyenne libérale. Il s’agit désormais de tout faire pour préserver cet atout majeur et lui assurer pérennité, dans l’intérêt de la Suisse.
Retrouvez l’étude d’Avenir Suisse: «Le monde des fondations – Idées pour un mécénat moderne»