D’une superficie de 580 kilomètres carrés (82 000 terrains de foot ou 3,6 Liechtenstein), le Léman occupe une place particulière dans les cœurs et les esprits de ses riverains. Parfois violent, comme lorsqu’il a abattu une vague de huit mètres sur Genève en 563, toujours majestueux, célébré par Lamartine comme «oasis de l’âme attendrie» et par Lord Byron pour ses «doux murmures», le lacus lemanus est né voici 15 millénaires par le retrait du glacier du Rhône. Dès lors, il n’a cessé de remplir de nombreuses fonctions économiques et sociales incontournables. Aujourd’hui, l’Arc lémanique est devenu un moteur économique important, comme Avenir Suisse l’a mis en évidence dans une publication consacrée. Petit tour d’horizon en chiffres.

Eau

En approvisionnant en eau près de 900 000 personnes, le Léman satisfait avec brio un de nos besoins les plus élémentaires. A ce jour, dix stations pompent l’eau du lac et la potabilisent, avant de la distribuer à la population. En moyenne, ce sont 80 millions de mètres cubes qui sont prélevés chaque année, soit l’équivalent de 32 000 piscines olympiques !

Tour du lac en quelques chiffres illustrant les fonctions sociales et économiques du Léman.

Pêche

Outre la soif, le Léman peut aussi calmer notre faim ! En 2017, pas moins de 800 tonnes de poisson ont été pêchées, essentiellement du corégone (féra) et de la perche, mais aussi de la truite, du brochet, de l’omble chevalier et de l’écrevisse. La pêche dans le Léman est non seulement un métier – 138 personnes en vivent – mais aussi un loisir très apprécié : chaque année, plus de 7000 permis de pêche sont délivrés. Pas suffisant cependant pour nourrir tous les amoureux de filets de perche meunière, puisque la pêche amateur ne représente que 9,6% des captures totales.

Pollution

En plus d’une trentaine d’espèces de poissons, le Léman abrite également jusqu’à 170 espèces d’oiseaux. Mais ce riche écosystème peut être mis à rude épreuve. Si l’état de propreté du lac s’est nettement amélioré depuis quelques décennies – voire même trop selon certains pêcheurs – pas moins de 600 tonnes de plastique gisent encore dans le lac selon l’Association pour la sauvegarde du Léman. Et chaque année, 50 tonnes viennent s’y ajouter, dont dix tonnes sont des détritus abandonnés (littering), facilement évitables. Et c’est sans parler des microplastiques

Frontaliers

Heureusement, on associe plus souvent le Léman aux somptueux bâtiments qui le parcourent qu’aux monceaux de déchets troublant ses profondeurs. Outre la mythique galère La Liberté ou les pittoresques Mouettes genevoises, les bateaux à vapeur Belle Époque de la Compagnie générale de navigation (CGN) font la fierté de toute la région. Au-delà de cette image d’Epinal enchanteresse, le paysage brossé par la réalité économique est néanmoins tout autre : aujourd’hui, pas moins de 70% des passagers de la CGN sont en vérité des travailleurs frontaliers. Ils seraient ainsi environ 2400 à penduler quotidiennement d’un rivage à l’autre – un témoignage remarquable du processus d’intégration européenne à l’échelle de l’Arc lémanique. Ce phénomène est notamment suivi par le Conseil du Léman, organisation transfrontalière rassemblant les trois cantons suisses et les deux départements français riverains : Genève, Valais et Vaud, ainsi que l’Ain et la Haute-Savoie.

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Le Léman est un terrain de jeu de choix pour les amateurs de sports nautiques. (flickr, Vitalis Hirschmann)

Sports

Le Léman, c’est aussi un terrain de jeu sans fin pour les aficionados de sports aquatiques : aviron, canoë, kayak, ski nautique, wakeboard, wakesurf, kite-surf, planche à voile, plongée, stand-up paddle, pédalo, sans oublier bien sûr la natation ! Le secteur est à ce point dynamique que des plateformes basées sur l’économie du partage commencent à voir le jour. De nombreuses manifestations sportives ont lieu tout au long de l’année, comme le triathlon de Lausanne, l’Ultratour du Léman ainsi que la redoutée course de Noël de Genève (dans des eaux oscillant entre cinq et huit °C). Mais c’est dans la pratique de la voile que le Léman, berceau de l’équipe Alinghi, s’illustre tout particulièrement, avec plus de 150 régates organisées chaque année, dont le fameux Bol d’Or.

Loisirs

Les moins sportifs ne sont pas en reste : à l’image de Gargantua, qui, trouvant le Rhône trop étroit à son goût, aurait creusé le Léman pour s’y baigner, les amateurs de bronzage et de barbotage disposent aujourd’hui de 121 plages pour lézarder. Quant à la navigation de plaisance, elle est certes plaisante… à condition d’avoir une place pour amarrer son bateau ! En effet, malgré une augmentation de 20% en 20 ans du nombre de places offertes, approximativement 4000 demandes de place sont encore en attente, pour 17 500 places occupées réparties dans 90 ports. Preuve s’il en faut que l’Arc lémanique, victime de son succès, a gardé toute sa superbe et, ayant fait rêver Hepburn, Chaplin ou Maria Rilke hier, fera encore rêver demain.

Cet article fait partie de notre série d’été romande «Clapotis au bord du Léman» autour de notre publication «Le dynamisme unique de l’Arc lémanique».