Dans un remarquable document de travail, maintenant disponible en français, Rudolf Walser et Alois Bischofberger se penchent sur les rapports très fructueux entre les entreprises multinationales et l’économie suisse. L’étude illustre les changements structurels profonds que le paysage des entreprises suisses a connus au cours des quarante dernières années et montre comment les multinationales contribuent de façon déterminante aux principaux indicateurs à succès de l’économie suisse tels que l’innovation, la productivité ou les exportations. Bien qu’il soit difficile de chiffrer de manière précise cette contribution économique, tous les travaux empiriques de renom confirment que les multinationales jouent un rôle conséquent pour l’économie suisse. La Suisse est donc loin d’être une pure économie de PME, contrairement à ce qu’on aime trop souvent répéter.
Voici les principaux résultats de l’étude:
- La Suisse a profité de la mondialisation en améliorant les niveaux de revenu et d’occupation. Sans la contribution active des multinationales à la recherche et au développement, la Suisse perdrait assez vite sa position de pointe au sein des centres d’innovation internationaux.
- Par l’entremise des multinationales, des thèmes politiques importants ont été mis à l’ordre du jour en Suisse. Les questions liées à la responsabilité sociale des entreprises, à la vulnérabilité de la Suisse et aux changements sociaux liés à la globalisation en témoignent.
- Le siège social d’une entreprise multinationale est plus facile à délocaliser qu’on n’aimerait le croire. Bien qu’il n’y ait pas de risque imminent de «fuite», la mondialisation pousse les sociétés à reconsidérer le choix de leurs emplacements. Une fois qu’une vague de départs est enclenchée, il est difficile de l’arrêter. La Suisse doit décider si elle veut continuer à accueillir des entreprises de rang mondial. Au regard de certaines décisions de politique économique prises récemment on est en droit d’en douter.
- Pour s’affirmer au sein de l’économie mondiale et pour assurer son niveau de prospérité actuel, la Suisse a besoin d’entreprises capables de faire face à la concurrence mondiale. Les dirigeants des sociétés multinationales peuvent et doivent contribuer à ce que le fossé entre politique et population d’un côté et l’économie internationale de l’autre ne s’agrandisse pas davantage.