La stratégie énergétique 2050 a été acceptée par une majorité des votants le 21 mai de cette année. En tant que fervents défenseurs de notre ordre démocratique, nous ne pouvons qu’accepter ce résultat sans tergiverser. Mais, il est tout de même regrettable que cette proposition ait relégué au second plan les positions libérales axées sur l’économie de marché. Et cela, car les milliards de financement public mineront désormais encore davantage les mécanismes du marché dans le secteur énergétique. Mais aussi parce que les réformes de libéralisation du marché de l’électricité pourtant urgentes et nécessaires risquent d’être remises aux calendes grecques. Les consommateurs en font les frais, étant contraints de payer des prix excessifs. Mais, seulement quelques mois après la votation de mai, les signes allant dans le sens d’un appel à une nouvelle activité étatique dans le domaine spécifique des voitures électriques se sont multipliés.

Un appel à une intervention étatique

Au niveau parlementaire, des efforts se multiplient pour construire des bornes de chargement rapide le long des routes nationales. L’appel à une nouvelle intervention étatique n’est donc pas loin. Pourtant, le Conseil fédéral constate clairement que la demande de stations de chargement rapide en est encore à ses balbutiements. Par conséquent, l’incitation est jusqu’à présent restée faible pour les investisseurs privés et les exploitants des aires de repos. Toutefois, même dans la Neue Zürcher Zeitung, le principal journal de la bourgeoisie, les conseillers en énergie et en mobilité ont eu suffisamment de place à disposition ces derniers jours. Une demande d’action politique a été exprimée pour que tous les parkings nouvellement créés, «qu’ils soient publics ou privés», préparent des raccordements pour des installations de chargement. Il n’est pas fait mention des conséquences financières pour les contribuables. De plus, une initiative parlementaire a récemment demandé qu’à partir de 2025, aucune nouvelle voiture de tourisme avec moteur à combustion interne ne soit autorisée à l’immatriculation. Ici, l’appel à une intervention concrète de l’Etat a déjà été lancé.

Tesla “branché”: Avec l’engouement pour les voitures électriques, on oublie souvent que la production de batteries émet du CO2. (Wikimedia Commons)

Pas rentable au niveau économique

Le chemin vers un avenir avec voitures électriques s’apparente plutôt à un processus évolutif, même si des consultants et certaines initiatives parlementaires réclament actuellement une action révolutionnaire. Etant donné que les réserves de pétrole sont limitées et que les technologies durables prennent toujours plus d’importance compte tenu des défis climatiques, il est compréhensible qu’un peu partout, de grands espoirs reposent sur l’électromobilité. Tesla fait actuellement office de référence en la matière, mais la gamme de véhicules proposés sur le marché reste limitée, la production est coûteuse et les véhicules sont associés à des prix d’achat élevés. Il est peu probable que les véhicules électriques soient économiquement rentables dans un avenir proche. Dans le bilan énergétique global, les voitures électriques n’obtiennent pas de meilleurs résultats. Cependant, en raison de l’engouement autour de l’électromobilité, il faut de plus en plus se concentrer sur les analyses coûts-bénéfices.

Un cheval de Troie

Prochainement, la discussion s’élargira vers l’octroi de plus de privilèges pour la circulation routière et le renforcement de la recherche sur l’électromobilité dans les hautes écoles suisses. Cette seule mesure n’accélérera pas de manière significative la pénétration des véhicules électriques sur le marché. La course à la technologie des moteurs du futur est ouverte et ne devrait pas être déterminée prématurément par les politiques en faveur d’une seule technologie, en raison de la pression des groupes d’intérêts bien intentionnés. Si la recherche est menée, elle doit l’être sans préjugés comme la recherche fondamentale sur la mobilité. Cependant, il faut rejeter une extension de la politique (industrielle) interventionniste de l’Etat, comme c’est actuellement le cas dans le secteur de l’énergie. Dans le cas contraire, nous courrons le risque que la mobilité électrique devienne un nouveau cheval de Troie pour verser des subventions.

La version originale de cet article en allemand est parue le 28 août 2017 dans les éditions imprimées du «Luzerner Zeitung» et du «St. Galler Tagblatt».