Le système monétaire international actuel se distingue par une multitude de régimes de change. Il n’y a pas seulement des taux de change flexibles et fixes, mais le tableau est largement plus complexe. Mise à part les monnaies de réserve que sont le dollar et l’euro, dont les Etats membres sont liés à travers une Union monétaire, il existe de nombreux systèmes de change mixtes :

  • «Currency Boards» : ceux-ci se rapprochent le plus d’une union monétaire. Il existe certes encore un moyen de paiement national, mais il est dans un rapport d’échange fixe vis-à-vis de la monnaie d’ancrage et la base monétaire de la banque d’émission peut seulement varier de manière synchronisée avec les réserves de change du pays.
  • Taux de change fixe ajustables : dans les régimes ajustables, le cours pivot est périodiquement adapté sur la base des différences d’inflation. Ici, un panier de devises sert fréquemment de monnaie de référence. Il se compose des monnaies d’échange les plus importantes pour le pays respectif.
  • Système avec bandes de fluctuation : le taux de change varie à l’intérieur de limites fixées, que la banque d’émission défend par des interventions. Le mécanisme de taux de change II existant dans le cadre du système monétaire européen en est un bon exemple. Après l’adoption de l’euro par la Lettonie et la Lituanie, le Danemark est le seul qui applique encore ce régime de change.
  • Flottement : dans un tel système, letaux de change est en principe flexible. L’expérience a toutefois montré que, même dans ce cas-là, les banques d’émission sont toujours présentes sur le marché des devises et interviennent comme bon leur semble.

Quel régime de change?

Selon les statuts du Fonds monétaire international (FMI), chaque pays membre peut choisir librement son système de taux de change. Mais, il doit notifier chaque année au FMI le régime de change qu’il entend appliquer. Parmi les 190 membres du FMI, 92 pratiquent un taux de change fixe, 32 divers systèmes mixtes et 66 des taux de change flexibles. Les membres de la zone euro font partie des pays avec un taux de change flexible puisque l’euro fluctue librement par rapport à d’autres monnaies. Cela vaut aussi pour le dollar et le yen.

L'euro dans le système monétaire international| Avenir Suisse

Dans le système monétaire international actuel, il existe de nombreux arrangements de change. Cette large palette permet de conclure qu’aucun régime n’est per se supérieur à un autre.
(Image: ©Fotolia/Markus Mainka)

Dans le système financier actuel, caractérisé par une interconnexion globale, le choix du système de taux de change est soumis au fameux trilemme monétaire. Des taux de change fixes, la libre circulation des capitaux et une politique monétaire autonome sont des objectifs souhaitables pour toute économie nationale. Il est toutefois possible d’en poursuivre que deux simultanément. Ainsi, des taux de change fixes avec un régime de libre circulation des capitaux peuvent, par exemple, seulement être maintenus si la politique monétaire autonome est abandonnée en cas de conflit. Afin de garantir la crédibilité de chaque régime de change, la réputation de la banque d’émission est centrale. Cela fixe également certaines limites à des modifications des régimes de change choisis.

Néanmoins, une étude scientifique de Klein/Shambaugh dans 125 pays pour la période 1973-2004 montre que ceux-ci ont modifié leur régime de change après cinq ans en moyenne. Un coup d’œil sur l’histoire monétaire nous enseigne également que la dissolution des unions monétaires ou le départ de pays membres n’est pas inhabituel. On se souvient de l’Italie qui a quitté le système monétaire européen en 1992 pour entreprendre une dévaluation de la lire de près de 30% par rapport aux monnaies de ces principaux partenaires commerciaux.

Existe-t-il un système de taux de change optimal?

La large palette de régimes de change permet de conclure qu’aucun régime n’est per se supérieur à un autre. En fin de compte, cela dépend si les buts économiques ultimes telles que la stabilité des prix, un taux d’emploi élevé, une croissance raisonnable et l’équilibre de la balance des paiements sont plus à même de se réaliser avec des changes fixes ou flexibles. Les conditions-cadres peuvent changer au fil du temps, comme la Suisse l’a expérimenté déjà plusieurs fois au cours de son histoire.

Des taux de change stables avec ses principaux partenaires commerciaux est fondamentalement enviable. Parmi les avantages d’une union monétaire figurent la disparition de l’incertitude liée au taux de change et des frais de transaction. L’aspect négatif est que le taux de change ne peut plus servir d’outil d’adaptation en cas de sérieux dysfonctionnements de l’économie dans son ensemble. La stabilité a aussi un coût. La théorie de l’espace monétaire optimal, qui remonte aux années 1960 cite les conditions pour une intégration monétaire réussie : seuls les pays qui possèdent une grande mobilité des facteurs, des marchés du travail flexibles et une structure économique diversifiée peuvent renoncer à long terme au taux de change comme outil d’adaptation et former une union monétaire.

Quelle suite pour la zone euro?

La création de l’Union monétaire européenne est le meilleur exemple que le choix d’un système de taux de change n’est pas réalisé d’après un calcul coût-bénéfice purement économique. On savait d’emblée que la zone euro ne constituerait pas un espace monétaire optimal. Malgré cela, le monde politique s’est décidé pour le projet en dépit des conseils de la plupart des économistes, dans l’espoir qu’un développement économique convergent en résulterait automatiquement. Ce fut un jugement fallacieux.

Même si le Grexit a pu être évité pour l’instant, les manquements dans la construction de l’euro sont évidents. Au-delà du respect des règles existantes, d’autres mesures sont nécessaires. Soit le cadre réglementaire de l’Union monétaire européenne doit être complété par une procédure d’insolvabilité pour les Etats et une procédure d’exclusion définie pour les pays membres qui ont commis des fautes, soit l’union monétaire doit encore davantage aller en direction d’une union politique avec un budget central et ses propres compétences fiscales. Tâtonner comme cela a été le cas jusqu’ici ne peut pas être qualifié de stratégie.