Le président du conseil scientifique de notre organisation soeur Agenda Austria, le professeur Karl-Heinz Paqué, a minutieusement étudié et analysé le best-seller de Thomas Piketty «Le capital au XXIe siècle». Souhaitant partager ses critiques lucides, nous publions ci-après le texte en question, même s’il dépasse quelque peu la longueur standard des articles publiés sur le site d’Avenir Suisse.Piketty

C’est le nouveau Karl Marx! Telle était la réaction de l’opinion publique lorsque Thomas Piketty a présenté au mois de mai 2014 la traduction en anglais de son ouvrage «Le capital au XXIe siècle» (Capital in the Twenty-First Century) aux éditions Harvard University Press. S’attirant de vigoureuses critiques, l’ouvrage de près de 700 pages est rapidement devenu un best-seller, du moins aux États-Unis, où 300 000 exemplaires ont été vendus en deux mois.

Économiste français de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, seulement connu jusqu’à présent des milieux spécialisés, l’auteur est soudain devenu la coqueluche d’Internet et de la presse écrite. Les rubriques littéraires parlent de lui comme de quelqu’un qui révèle enfin les lois régissant le capitalisme moderne, notamment l’impact majeur que le courant dominant établi au sein des sciences économiques semble souvent vouloir escamoter: la tendance impitoyable à la division de la société entre riches et pauvres. L’auteur livre en outre des propositions pour une solution politique du problème: augmentation massive de l’imposition des richesses sous toutes leurs formes, du revenu aux successions, en passant par la fortune.

La comparaison de Thomas Piketty avec Marx est absolument justifiée, et probablement voulue par l’auteur. En effet, le titre de son livre rappelle de manière explicite «Le Capital», l’œuvre majeure de Marx. Les solutions politiques proposées sont aussi radicales, mais un peu moins révolutionnaires. C’est surtout une méthodologie similaire qui rapproche les deux auteurs: ils s’efforcent de trouver dans le capitalisme des tendances immuables; Thomas Piketty, en tant qu’expert moderne du revenu et de la fortune, use néanmoins d’instruments empiriques sensiblement plus pointus que ceux de Marx en son temps. Les deux hommes apportent leur contribution à une certaine catégorie de science que le philosophe autrichien Karl Popper qualifiait d’«historiciste» et qu’il critiquait durement. Pour ce rationaliste critique, la tentative d’identifier les lois immuables régissant l’histoire suffit à être contraire à la science. En effet, cela remet en cause sa logique concernant la recherche, qui reposait sur la tentation permanente de falsification des hypothèses et qui, d’un point de vue politique, privilégiait la «technologie fragmentaire» par rapport aux changements radicaux, qui comportent toujours un aspect totalitaire.

Cette attitude semble justement expliquer la fascination qui a entouré le modèle de pensée de Karl Marx durant des décennies et qui réapparaît aujourd’hui avec les lois immuables de Thomas Piketty. Chez Marx, la loi, d’une simplicité fabuleuse, de la baisse tendancielle du taux de profit régissait la dynamique du capitalisme et devait le mener à son déclin. Cependant, chez Thomas Piketty, il s’agit d’une inégalité étonnamment simple: le rendement réel du capital «r» est supérieur au taux de croissance de l’économie «g» (growth), donc r > g. Dans la théorie économique de la croissance, r > g n’est pas une formule magique, mais une supposition quasi évidente. Dans une société où les personnes font preuve d’impatience et préfèrent dépenser aujourd’hui plutôt que demain les fruits de leur labeur au lieu d’épargner, ils doivent être dédommagés pour leur renoncement par les investisseurs, et ce, au moyen d’une simple augmentation de la création de richesse. L’inégalité r > g est par conséquent une caractéristique absolument plausible de la réalité économique, du moins en temps «normaux».

C’est à cet endroit que le raisonnement de Thomas Piketty se met en place: si tel est le cas, les personnes dont le revenu se compose démesurément de revenus de l’épargne (et non salariaux!), verront toujours une hausse importante de ce dernier lorsque les salaires augmentent plus faiblement. L’inégalité r > g influe donc – directement et immédiatement – sur la répartition (fonctionnelle) des revenus au sein de la société entre ceux qui bénéficient de revenus du capital et ceux qui touchent des salaires. Ceci provoque l’augmentation de la quote-part du capital et la baisse de la quote-part salariale, toutes deux séculaires. Parallèlement, le rapport entre fortune et revenu a tendance à augmenter dans notre société, de même que celui entre successions et revenu. La société semble donc devenir de plus en plus capitaliste: les «perdants» de la croissance sont les bénéficiaires de revenus du travail, et les «gagnants», les détenteurs de capital. Puisque les premiers sont surreprésentés dans les couches sociales les plus pauvres, et les seconds, dans les couches les plus riches, la répartition des revenus fonctionnelle, toujours plus inégalitaire, se mue progressivement en une répartition des revenus personnelle, toujours aussi inégalitaire. Naturellement, les détenteurs de grandes fortunes réalisent en outre, grâce à des conseillers chers et habiles, des rendements du capital plus élevés que les petits épargnants, ce qui accentue encore les inégalités. En conclusion, les riches deviennent encore plus riches, et ce, plus rapidement que les pauvres ne parviennent à sortir de la pauvreté. La société se scinde en deux, et tout cela à cause de r > g.

Un raisonnement d’une simplicité étonnante! Mais que disent les chiffres? Thomas Piketty réalise à ce niveau une performance scientifique. Avec une précision remarquable en matière de statistique, il tente de montrer, essentiellement sur la base de données fiscales historiques, que l’évolution de la répartition des revenus et, surtout, de celle du capital suit bel et bien ce modèle au cours de longues périodes de croissance économique en temps de paix. Cette affirmation est du moins valable pour la période précédant la Première Guerre mondiale, ainsi que depuis les années 1970. Elle ne s’applique néanmoins pas à la période entre les deux: les deux Guerres mondiales ainsi que les remous et les décisions politiques de l’entre-deux-guerres avaient radicalement amputé les revenus du capital. Puis, le boom de l’après-guerre – appelé «Wirtschaftswunder» en Allemagne, «Trentes Glorieuses» en France – avait été caractérisé par une croissance économique exceptionnelle. Selon la conception de Thomas Piketty, l’évolution du capitalisme depuis l’industrialisation se divise en trois phases: deux phases «normales» (avant 1914 et depuis la fin des années 1970 jusqu’à aujourd’hui) et une «anormale» (les deux générations d’entre-deux). Sa conclusion: si les choses continuent d’évoluer de la même manière (et selon lui, elles le feront), et si la politique ne prend pas de mesures strictes, nous devrions nous approcher dangereusement du niveau d’inégalité qui régnait juste avant la Première Guerre mondiale.

Thomas Piketty voit une grande menace dans cette évolution: la restauration d’un «capitalisme patrimonial». Cette notion, qu’il a lui même façonnée, qualifie une société dans laquelle ce ne sont pas les performances individuelles par le travail qui définissent le revenu et les perspectives, mais la fortune héritée ou amassée tout au long de la vie. Cette société serait donc tout sauf méritocratique et s’éloignerait ainsi systématiquement de toute volonté de performance, qui représenterait les pulsions inhérentes à l’économie de marché capitaliste. C’est pourquoi Thomas Piketty estime que des interventions strictes sont nécessaires afin de rétablir la méritocratie, et ce, sous forme d’impôts élevés sur le revenu et les successions, avec des taux marginaux d’imposition dépassant les 80 % pour les revenus et les héritages importants, ainsi qu’une taxe annuelle considérable sur le capital. Selon l’économiste français, il ne s’agit donc pas de supprimer le capitalisme axé sur la performance, mais de le reconstruire. Dans ce sens, son programme est empreint de jacobinisme, et non pas traditionnellement socialiste.

Voici pour le message principal de Thomas Piketty, qui a rencontré une vive approbation générale. Dans la New York Review of Books, le prix Nobel d’économie Paul Krugman fait notamment un éloge enthousiaste du livre de Thomas Piketty qui serait une référence pour les sciences économiques. Certes, l’ouvrage résume près de 15 années de recherche sur la répartition des richesses, ce qui est enrichissant et partiellement novateur. Son travail impose le respect. Pourtant, une question essentielle perdure: les conclusions de grande ampleur tirées par Piketty en matière de diagnostic et de thérapie sont-elles véritablement justifiées? La réponse est clairement non, pour des raisons de nature historique, économique et politique.

Commençons par l’argument historique: nous rapprochons-nous vraiment du contexte de répartition d’avant la Première Guerre mondiale? Si l’on étudie la répartition personnelle des richesses – l’aspect statistique le plus significatif d’un point de vue politique – que nous livre l’auteur, les preuves sont étonnamment minces. En effet, Thomas Piketty calcule la part des 10 % (respectivement 1 %) les plus riches de la population relativement au patrimoine total, et ce, pour les quatre pays pour lesquels les données relatives à la longue période comprise entre 1810 et 2010 sont disponibles, à savoir la France, le Royaume-Uni, la Suède et les États-Unis. Malheureusement, l’Allemagne n’y figure pas. Ces chiffres lui permettent de démontrer que l’évolution connue par tous ces pays a effectivement connu trois phases: la part des capitaux des 10 % (respectivement 1 %) les plus riches de la population a augmenté jusqu’en 1914, baissé jusqu’aux années 1970, puis augmenté à nouveau. Cependant, la hausse relevée au cours des dernières décennies était modérée, bien plus modérée que la baisse connue lors de la longue période précédente. Ainsi, la part de capital du Top-10% au Royaume-Uni était de 92,0 % en 1910, de 62,6 % en 1980 et de 70,5 % en 2010; en France, elle représentait près de 89 % en 1910, 61,8 % en 1980 et tout juste 62,4 % en 2010, soit une hausse de 0,6 points de pourcentage en 30 ans! Les chiffres sont similaires pour le richissime Top-1 %. Néanmoins, les trois pays européens sont encore loin d’avoir atteint le niveau d’inégalité d’avant la Première Guerre mondiale. Aux États-Unis en revanche, il s’approche des valeurs enregistrées à l’époque, ce qui s’explique uniquement par le fait que l’inégalité d’avant 1914 était encore moins importante qu’en Europe. Dans cette terre traditionnelle d’immigration que sont les États-Unis, les fortunes privées accumulées avec les années étaient encore peu nombreuses (en dehors de quelques magnats des affaires comme Carnegie ou Rockefeller).

Nous sommes donc encore loin d’une fragmentation dramatique des sociétés occidentales. Par conséquent, le retour à la répartition capitaliste des richesses du début du XXe siècle est encore loin. D’ailleurs, Thomas Piketty le reconnaît indirectement lorsque, dans son livre, il explique le développement moderne d’une «classe moyenne patrimoniale» d’une ampleur bien plus importante qu’avant la Première Guerre mondiale. Cependant, il craint que la tendance de l’inégalité r > g se poursuive à l’avenir et s’accentue même. Pourquoi? La mondialisation des marchés financiers continue d’occasionner des rendements du capital toujours aussi élevés au niveau international, alors que la croissance économique dans les pays industrialisés tend plutôt à reculer en raison des forces démographiques exercées. Le moteur de l’inégalité reste donc intact et devrait encore se renforcer à l’avenir – un sombre pronostic. Ce dernier repose néanmoins sur des fondements fragiles, car il méconnaît la possibilité d’une rupture fondamentale de tendance, qui irait à l’encontre de ce pronostic et se dessine à l’heure actuelle. Cette rupture concerne la rareté du capital et du travail, et par conséquent, de leurs rémunérations: les intérêts et les revenus. De nombreux indices laissent d’ores et déjà présager ce renversement, mais Thomas Piketty en fait largement abstraction.

En ce qui concerne le capital, nous semblons entrer dans une période durant laquelle les taux de rendement réels seront faibles partout dans le monde, ce que prédisait déjà l’économiste allemand Carl Christian von Weizsäcker. Ce phénomène s’explique par un excès d’épargne mondial (savings glut) observé depuis plusieurs années et qui a deux explications. D’une part, l’évolution démographique générale accompagnée d’une espérance de vie croissante induit une plus forte disposition à épargner. D’autre part, les pays en développement et les pays émergents qui évoluent rapidement éprouvent des difficultés particulières à atteindre le niveau de cotation financière nécessaire (statut Triple A), afin de pouvoir absorber les capitaux excédentaires. Ces deux causes sont pour l’instant inédites dans l’histoire de l’économie mondiale. Jamais auparavant le vieillissement de la population mondiale n’a été aussi considérable; et jamais auparavant – ni même au XIXe siècle – l’écart ne s’est autant creusé entre la croissance extrêmement rapide des grands États en voie d’industrialisation et la capacité de ceux-ci à créer par voie de réformes internes des institutions crédibles qui seraient attractives pour la quantité et la fortune grandissantes d’investisseurs nationaux ou étrangers. L’industrialisation et l’intégration des marchés de capitaux à l’échelle mondiale pourraient justement occasionner une chute vertigineuse des taux d’intérêt réels. Une simple extrapolation de la tendance actuelle, ce à quoi procède Thomas Piketty, n’est pas appropriée à ce jour. En tout cas, l’inégalité r > g sera tout sauf évidente au cours des prochaines décennies, du moins pour ce qui est des pays industrialisés prospères.

Les marchés du travail de ces pays subiront des changements aux conséquences encore plus dramatiques. En raison de l’évolution démographique, les générations à forte natalité (p. ex. les enfants du baby-boom) quitteront la vie active au cours des prochaines décennies. Ceci aura pour conséquence la raréfaction de la force de travail, comme dans les années 1950 et 1960. En Allemagne, cette tendance est déjà visible, mais aussi en Autriche, en Suisse, au Danemark, en Finlande et en Suède, qui connaissent actuellement une croissance exempte de phénomène de crise. Dans ces pays, les salaires réels ont d’ailleurs récemment connu une progression considérable. Dans les pays en crise de la zone euro, des perturbations macroéconomiques interfèrent cependant avec cette tendance. Seulement après la fin de la crise de la dette, les forces démographiques devraient aussi y être visibles et causer une redistribution au profit du facteur travail. Si l’on considère l’inégalité de Thomas Piketty r > g, cela signifie la chose suivante: même si le taux de croissance de l’économie globale (g) reste relativement bas selon la tendance observée, celui des revenus du travail peut grimper bien plus fortement que celui de la création de richesse. En tous les cas, l’état du marché du travail annonce tendanciellement que la répartition fonctionnelle des revenus entre capital et travail se reporte (enfin) à nouveau sur le travail. Ceci rendra aussi plus égale la répartition personnelle des revenus, et ce, au détriment des bénéficiaires aisés de revenus du capital, mais au profit des bénéficiaires moins aisés de revenus du travail, ce qui irait à l’encontre du pronostic de Thomas Piketty.

Les effets de distribution de la rareté de la main-d’œuvre ne sont pas une nouveauté d’un point de vue historique. Ils sont apparus en particulier au cours de la longue phase «anormale» allant de 1914 aux années 1970, que la loi de Piketty ne reflète justement pas. En effet, aussi cynique que cela puisse paraître, la Première Guerre mondiale a permis, «grâce» aux mobilisations et à la mortalité effrayante en raison de la guerre et de la maladie, une revalorisation drastique du pouvoir syndical, qui s’est répercutée sur l’augmentation des salaires. Puis, la crise économique mondiale a durement touché les revenus du capital, encore davantage que les salaires. Après la Seconde Guerre mondiale, la phase de croissance extraordinaire a permis le plein emploi dès le milieu des années 1950. Le pouvoir de négociation des travailleurs s’est ainsi nettement amélioré, ce qui a fortement relevé les salaires réels, en particulier dans les années 1960 et au début des années 1970, alors que, pour des raisons démographiques, le potentiel de main-d’œuvre avait provisoirement diminué. Il s’en est suivi une correction massive de la répartition des revenus et de la fortune, non pas en tant que conséquence d’actions étatiques, mais par une adaptation fondée sur le marché. Un clair indicateur en ce sens était la hausse des salaires à l’international, durant la même période.

Étonnamment, le livre de Thomas Piketty ne tient quasiment pas compte de l’évolution du marché du travail, pas même en étudiant le passé. L’auteur ne voit donc pas que le simple «pouvoir de marché» du capital, comparé à celui du travail, explique ce qu’il considère comme loi immuable du capitalisme et nombre de ses déviations. C’est pourquoi, durant la longue période de paix précédant 1914, la croissance économique exceptionnelle n’était pas liée à une meilleure répartition des revenus au détriment du capital seulement car une quantité quasi infinie de travailleurs étaient disponibles dans les régions rurales d’Allemagne, de France et d’autres futurs pays industrialisés d’Europe continentale. Ces travailleurs étaient une sorte d’armée de réserve industrielle, selon Karl Marx. Dès les années 1970, c’était à l’immense génération du baby-boom de chercher difficilement du travail, suite au déclin industriel provoqué par les crises pétrolières commencées en 1973 et par celle de 1980. Plus tard, la réunification de l’Allemagne a elle aussi vu une explosion de l’offre en personnes (bien qualifiées) qui cherchaient désespérément du travail, de préférence là où se développait un nouveau capital industriel moderne. Il n’est pas étonnant que l’époque ait été idéale pour les détenteurs de capital et dure pour la main-d’œuvre. Mais ces temps sont révolus.

C’est peut-être à ce niveau que se situe la deuxième erreur capitale commise par Thomas Piketty dans l’analyse de l’histoire et de l’avenir de l’économie mondiale (la première étant d’avoir postulé l’existence de lois immuables). L’auteur surestime le pouvoir de la politique, comme Karl Marx en son temps. D’une part, il considère que le capitalisme repose sur des lois immuables et, d’autre part, il souhaite une politique qui mettrait courageusement des bâtons dans les roues de ce même capitalisme. Il omet qu’en fin de compte la politique doit tenir compte des raretés que connaît parfois une économie de marché, même lorsqu’elles concernent le capital et le travail. Pour l’essentiel, cela a heureusement été le cas dans le passé – si l’on fait abstraction des catastrophes majeures des deux Guerres mondiales et de la crise économique mondiale du XXe siècle. Dans le cas contraire, les dernières décennies n’auraient probablement vu ni la mutation structurelle réussie suite aux crises pétrolières, ni la réintégration de l’Allemagne et de l’Europe de l’Est dans l’économie mondiale.

En conclusion, les revendications politiques de Thomas Piketty ne sont pas justifiées économiquement. Ni l’évolution historique ni les perspectives futures ne donnent matière à augmenter massivement les impôts sur le revenu, la fortune ou les successions. D’un point de vue politique et socio-philosophique, ces revendications sont d’ailleurs fort discutables: qui au sein de la société devrait déterminer ce qui, au sens de la méritocratie jacobiniste de Piketty, est ou n’est pas «mérité»? L’histoire nous enseigne que, selon les périodes, la valeur sociale des revenus du capital et du travail est diversement reconnue, en fonction des taux d’intérêt et des salaires. Et il devrait en rester ainsi, par pragmatisme économique et conviction politique.