Bonne nouvelle : le pire semble être derrière nous. Nous avons plus ou moins retrouvé nos vies d’avant l’apparition du Covid-19. Pourtant, en un an et demi, la pandémie a manifestement laissé des traces. Vivre sous la contrainte de restrictions n’est facile pour personne. Cependant, sur le plan psychologique, on sait que la perception du temps est subjective et différente selon l’âge. Plus on est jeune, plus le temps passe lentement. Pour les jeunes, une année de perdue pèse donc «plus» qu’une année d’adulte perdue.
La jeunesse mise sur pause
Les jeunes sont considérés comme les grands perdants de cette crise. Même avant le début de la pandémie, leur situation n’était pas vraiment à leur avantage. L’évolution démographique, les goulots d’étranglement financiers de nos assurances sociales, les défis climatiques et maintenant une pandémie mondiale ont érigé une montagne de dettes toujours plus haute. Les générations futures devront rembourser ces dettes que nous créons aujourd’hui.
Mais ce n’est pas seulement le poids de la dette qui pèse sur la jeunesse de manière disproportionnée. Ils ont aussi dû supporter de fortes restrictions par rapport à leurs habitudes de vie. Tous les cours de l’enseignement post-obligatoire – qu’il s’agisse de formation professionnelle ou d’études universitaires – se déroulaient uniquement à distance. Ils ont en outre perdu leurs jobs d’étudiants ou saisonniers. Selon le secteur, une formation adaptée en présentiel ne pouvait plus être entièrement garantie. Certains étudiants ont passé la moitié de leur année universitaire à la maison. Sur le fond, les semestres étaient faisables. Mais le pire pour les jeunes a été de manquer toutes ces occasions de rencontrer de nouvelles personnes, de se créer un réseau ou de se faire des amis pour la vie.
La légèreté incarnée par la jeunesse se traduit par une forte envie de liberté, de réaliser des projets, de rencontrer ses pairs et de découvrir le monde – ou du moins l’Europe. En raison des restrictions de libertés imposées et de l’isolement grandissant qu’elles créent, il n’est pas surprenant que les jeunes soient les plus touchés par la dépression. Le pourcentage de symptômes dépressifs sévères était de 29 % chez les jeunes de 14 à 24 ans en automne 2020.
Résilients pour l’avenir
Il est primordial de savoir tirer le meilleur parti de ce genre de situation. Au cours des derniers mois, les jeunes ont appris à gérer des situations difficiles, et sont devenus résilients. L’indépendance a été encouragée dans de nombreux domaines, et il a fallu faire preuve de créativité pour faire face à de nouveaux défis. Alors que le virus représente une menace moindre pour les jeunes, ils ont fait preuve d’une grande solidarité. Au nom de la justice intergénérationnelle, il serait désormais bienvenu que toutes les générations confondues affichent la même solidarité afin de réduire la dette qui pèse sur les jeunes.
Aujourd’hui, après une longue période de résilience, les jeunes peuvent à nouveau rêver : de liberté, de légèreté, de vie. Mais la prochaine fois, nous ne devons pas oublier de considérer leurs préoccupations plus tôt et de manière plus ciblée.
Dans notre série d’été «Les autres chiffres du Covid-19», les jeunes chercheurs d’Avenir Suisse mettent en lumière les conséquences de la pandémie dans des domaines divers, tels que les dépenses publiques, le commerce extérieur, les transports, le chômage, ou encore l’égalité.