La Déclaration de Bologne a été signée il y a 25 ans, donnant ainsi le coup d’envoi de la transformation des systèmes d’enseignement supérieur européens. Dans la dernière publication d’Avenir Suisse, «Le bachelor, un diplôme sous-estimé», nous avons étudié si l’objectif de l’employabilité de tous les titulaires de diplômes avait été atteint. Par ailleurs, la réforme poursuivait quelques autres objectifs. Qu’en est-il de leur réalisation ? Vous trouverez des réponses dans le Bologna Process Implementation Report.
Coopération européenne
La réforme de Bologne a été pensée avec l’objectif de renforcer la coopération européenne dans l’enseignement supérieur. Ainsi, l’introduction d’un espace européen commun de l’enseignement supérieur était au centre des préoccupations, dans le prolongement de l’idée d’une Europe unie. Du fait de sa taille, cet espace devait permettre un meilleur positionnement face à la compétitivité internationale dans les domaines de la recherche et de la formation. Avec l’équivalence des différents systèmes d’études supérieures et l’introduction de l’Espace européen de l’enseignement supérieur (EEES), cet objectif a globalement été atteint.
Une collaboration approfondie était également souhaitée en matière d’assurance qualité. Des systèmes externes ont été créées à cet effet, chargés de vérifier la conformité de sa mise en œuvre. Leurs résultats sont centralisés et publiés dans le Registre européen d’assurance qualité pour l’enseignement supérieur (ou «EQAR»). La plupart des pays signataires du processus de Bologne ont de plus créé un cadre national de qualifications qui correspond au système de qualité supérieur et qui doit ainsi contribuer à la comparabilité et à l’équivalence des diplômes. De ce point de vue, les objectifs de coopération européenne ont également été atteints.
Equivalence des structures d’études
Pour permettre l’espace commun d’études supérieures, une équivalence du système d’études est nécessaire. Avant le processus de Bologne, de grandes disparités existaient entre les différents systèmes, et leur comparaison était difficile. Par exemple, en Suisse, une licence après quatre ans d’études était courante, alors qu’en France, le système était à trois niveaux et dans certains pays à deux niveaux. Plusieurs réformes ont permis l’équivalence des diplômes ainsi que l’amélioration de la comparabilité.
Le processus de Bologne a instauré le système à deux niveaux, avec le bachelor et le master, ainsi que le doctorat en tant que troisième niveau. Cette structure a été mise en place à grande échelle dans les pays signataires du processus de Bologne, bien qu’il existe certaines différences sur la charge de travail par niveau. Afin de mieux les mesurer, le système de crédits ECTS a été mis en place. Chaque crédit correspond à une charge de travail d’entre 25 et 30 heures.
Ces mesures ont amélioré la comparabilité des systèmes et l’équivalence des diplômes. Il est maintenant plus simple d’évaluer un diplôme qu’avant la réforme. Les objectifs concernant l’équivalence des structures ont ainsi été atteints. En outre, les mesures prises facilitent la mobilité entre les hautes écoles, un objectif central de la réforme de Bologne.
Encourager la mobilité
Le processus de Bologne a été lancé dans le but de renforcer les échanges internationaux et la mobilité. Ces efforts étaient directement liés à l’objectif général d’une Europe unie avec un espace universitaire commun. Pour la mobilité transfrontalière, il a été défini en 2009 que 20 % des diplômés devaient acquérir une expérience internationale pendant leurs études d’ici 2020.
Le rapport de mise en œuvre montre que la mobilité internationale a certes augmenté au cours des vingt dernières années, mais que l’objectif fixé n’a pas été atteint jusqu’à présent (voir figure). Les 20 % ont été fixés de manière arbitraire, sans tenir suffisamment compte des conditions générales de la mobilité internationale et de l’augmentation globale du nombre d’étudiants.
En Suisse aussi, l’objectif d’augmenter les échanges d’étudiants n’a pas été atteint. Pour les diplômés suisses, comme dans de nombreux autres pays signataires du processus de Bologne, la mobilité augmente avec le niveau du diplôme. Les étudiants en master atteignent tout juste l’objectif, tandis que les doctorants le dépassent légèrement. Pour les étudiants venant de l’étranger, la Suisse se situe dans le top 5 des pays européens, la majorité d’entre eux commençant un doctorat.
Selon une étude de Movetia, l’agence nationale en charge de la promotion des échanges et de la mobilité, le taux de mobilité moyen pour les diplômés suisses en 2020 s’établissait à 15,7 %, avec de fortes disparités selon les établissements. Trois facteurs semblent particulièrement décisifs pour une plus grande mobilité transfrontalière : des offres d’enseignement internationales, un environnement d’études approprié et des conditions générales attrayantes pour les étudiants venant de l’étranger. Plus l’état d’esprit institutionnel est orienté vers la mobilité (dans les deux sens), plus les étudiants sont enclins à saisir la possibilité de partir à l’étranger.
Conclusion
La réforme de Bologne a atteint son objectif initial d’uniformisation et donc de meilleure comparabilité du système d’enseignement supérieur européen. Le processus peut donc être considéré comme un succès. Toutefois, certains objectifs peuvent encore être améliorés.
Il existe un potentiel d’optimisation, notamment en ce qui concerne l’employabilité de tous les diplômés sur le marché du travail et la mobilité. Les compétences interculturelles et personnelles peuvent être développées grâce aux échanges internationaux, ce qui, selon une étude de la DAAD (service d’échange de l’académie allemande), améliore également les chances sur le marché du travail.
Une chose est sûre : après un quart de siècle, l’espace européen de l’enseignement supérieur est encore en chantier. En raison de son évolution rapide, il convient de vérifier en permanence les structures et de les adapter si nécessaire. C’est dans l’intérêt de toutes les parties concernées. 25 ans après la réforme, nous sommes en plein dedans.
Pour en savoir plus à ce sujet, découvrez l’étude «Le bachelor, un diplôme sous-estimé».