Voici près d’un an que nous vivons avec le Covid-19, et la gestion de la crise par l’Etat est de plus en plus remise en question. Les responsables politiques justifient les innombrables réglementations, souvent contradictoires, au nom de la lutte contre le virus.
Trop souvent, les décisions politiques se sont basées sur des prévisions épidémiologiques qui, rétrospectivement, se sont avérées moins exactes que prévu. Résultat : une perte de confiance s’est instaurée au sein de la population et du secteur privé vis-à-vis des autorités. La critique est d’autant plus compréhensible que la Confédération et les cantons ont fortement restreint les libertés individuelles et économiques. Le confinement du début de cette année a un air de déjà-vu.
Les dettes restent des dettes
Les retombées économiques sont désormais considérables. Les fermetures d’entreprises actuelles coûtent jusqu’à 1000 millions de francs chaque semaine. Le confinement laissera de profondes cicatrices dans les finances fédérales, et des déficits de plusieurs milliards sont à prévoir. On a beau dire ce que l’on veut, les dettes accumulées restent des dettes. Ce qui est dépensé aujourd’hui ne pourra pas l’être demain.
Une lassitude du confinement se fait déjà ressentir parmi la population, notamment à cause de son impact direct sur nos libertés civiles. La valeur de la liberté est particulièrement visible en période de pandémie, car les libertés et les droits fondamentaux constituent le fondement de notre démocratie directe. Mais ces droits incluent également le droit constitutionnel à l’intégrité physique. Nous sommes donc face à un conflit d’objectifs classique.
Les réponses se font attendre
Compte tenu du nombre croissant de personnes vaccinées parmi les groupes à risque, les restrictions des libertés dans la lutte contre la pandémie sont-elles encore proportionnées ? Il va falloir se pencher sur cette question, notamment pour les groupes considérés comme moins à risque, parce que leur probabilité de développer une forme grave est faible. De plus, les règles restrictives devraient-elles être assouplies dès que les groupes à risque auront été vaccinés ? La réponse se fait toujours attendre.
En outre, dans le discours politique, ces restrictions sont souvent présentées comme un compromis entre la santé et l’économie. C’est pourtant faux : il s’agit en réalité de mesures sanitaires pour éviter les infections au Covid-19.
Une stratégie de micromanagement au lieu d’un vrai ciblage
De nombreux patients souffrant de pathologies nécessitant des opérations chirurgicales ont vu leur état de santé se détériorer suite à la décision de suspendre celles jugées comme étant «non-urgentes». Les fermetures d’entreprises ordonnées par les autorités ont suscité des craintes chez les employés, et l’obligation de travailler à domicile empêche les contacts sociaux, pourtant nécessaires à la bonne santé mentale. Ainsi, la proportion de personnes présentant des symptômes de dépression sévère a été multipliée par six depuis le début de la pandémie. Une chose est sûre : la politique sanitaire présente également son lot d’objectifs contradictoires.
Cependant, au lieu de les résoudre, les autorités pratiquent le micromanagement en imposant des interdictions d’acheter des biens tels que les vêtements, les jouets, les articles de sport ou les montres. Toutefois, la question que se pose la population et à laquelle il faut répondre est de savoir comment nos dirigeants pondèrent les différents objectifs. Autrement dit : si les mesures restrictives sont toujours d’actualité et proportionnées ou non.
De manière générale, le bien-être de la société dans son ensemble devrait revenir sur le devant de la scène. Dans ce contexte, l’empiètement continu sur les libertés civiles, pourtant garanties par la Constitution n’est plus possible. Même si les vaccins étaient disponibles en grand nombre, il est probable que des risques subsistent. L’efficacité et la proportionnalité des mesures devraient être remises au premier plan dans le débat public. C’est d’ailleurs ce que stipule la loi Covid-19.
Cet article a été publié dans différents médias suisses le 15 février 2021.