Dans le cadre des grands projets d’infrastructure, des subventions fédérales considérables sont consacrées aux régions de montagne. Il s’agit souvent de projets monumentaux avec un rapport coûts-bénéfices discutable. Ci-dessous quelques exemples très concrets illustrent quels projets alternatifs, ayant un impact durable sur le tissu économique, auraient pu être financés avec de telles sommes.

1. Le long de la N28 dans le Prättigau (GR), en vingt années de construction, environ 750 millions de francs ont été dépensés dans les contournements de Klosters, Saas et Küblis. La majeure partie des coûts a été prise en charge par la Confédération à laquelle revient la compétence en matière de routes nationales. Pour la moitié de la somme, on aurait pu construire le nouveau campus tant attendu de la Haute école technique et économique (HTW) à Coire et ainsi renforcer durablement le système d’innovation régional des Grisons.

Sunnibergbrücke bei Klosters, entworfen vom Bauingenieur Christian Menn in Zusammenarbeit mit Dialma Jakob Bänziger und seinem Ingenieurbüro. (Wikimedia Commons)

Le pont de Sunniberg à Klosters. (Wikimedia Commons)

2. Dans la Vallée de Zermatt (VS), le tunnel de Stägjitschugge (2,3 km de longueur) a été ouvert en 2008 après six ans et demi de travaux. Mais le temps de trajet pour se rendre à Zermatt n’a été réduit que de façon insignifiante. Sur les 160 millions de francs qu’ont coûtés les travaux, les trois quarts provenaient de subventions fédérales. Le développement économique et social de la vallée aurait été bien meilleur si ces moyens avaient été investis dans la réhabilitation des centres historiques locaux, dont l’architecture est importante pour le tourisme.

3. La Transjurane A16 (84 km de long) coûtera 6,3 milliards de francs, essentiellement en subventions fédérales. Pourtant, cette autoroute de montagne ne connaît qu’un volume de trafic minime. Si l’on avait réalisé un ouvrage moins complexe et économisé un tiers du montant (2 milliards de francs), il aurait été théoriquement possible (sans tenir compte des obstacles juridiques ou politiques) de désendetter complètement les cantons du Jura et de Neuchâtel. Avec une économie de 4 milliards de francs, on aurait pu également désendetter toutes les communes des deux cantons, permettant ainsi à toute une région de montagne de s’émanciper durablement des transferts financiers de la Confédération.

Autobahnanschluss von Saint-Ursanne der A16 «Transjurane». (Wikimedia Commons)

Raccordement de l’autoroute A16 «Transjurane» à Saint-Ursanne. (Wikimedia Commons)

4. Dans la vallée du Rhône, en Valais, près de 2 milliards de francs (dont plus des deux tiers proviennent de la Confédération) sont alloués à la protection contre les crues dans le cadre de la troisième correction de Rhône, (canton du Valais 2016). Dans la même vallée, 2,3 milliards de francs sont utilisés pour un tronçon de 31 km de long de l’autoroute A9. La Confédération supporte 96% de ce coût. Si l’on avait économisé ne serait-ce que 10% des coûts relatifs à ces deux projets, 400 millions de francs seraient disponibles, soit une somme amplement suffisante pour construire le campus de l’EPFL projeté à Sion ou financer un programme d’incitation en vue de la modernisation des infrastructures touristiques.

Ces exemples d’investissements dans les infrastructures et de projets alternatifs hypothétiques illustrent un problème fondamental : les régions de montagne profitent des subventions fédérales à raison de plusieurs milliards, consacrés à des constructions d’infrastructure discutables au lieu de l’être dans des projets permettant une croissance durable. Ainsi, le système fédéral du financement des infrastructures dans sa forme actuelle conduit à une très mauvaise allocation des investissements de l’Etat. Les régions de montagne passent ainsi à côté d’opportunités plus favorables.

Vous trouverez de plus amples informations dans l’étude «Un avenir économique pour les régions de montagne».