Les membres des partis bourgeois du Parlement et les représentants de l’économie ont largement exprimé leur mécontentement lorsque le Conseil fédéral a, une fois de plus, déclaré le confinement début janvier. Les fermetures d’établissements et le renforcement des règles de mise en quarantaine ont été décrétés à la manière d’un effet boule de neige. Les coûts économiques sont énormes et les restrictions de liberté individuelle sévères.

Sur le plan économique, la proportionnalité de telles mesures interroge, notamment si l’on regarde de plus près le rapport coûts-bénéfices. Jusqu’à présent, les décisions des autorités reposaient sur des données insuffisantes : nous n’avons en effet qu’une idée approximative des lieux de contamination. Faut-il lutter contre cette pandémie en s’appuyant sur des croyances infondées ?

Visiblement, oui, puisque ni le traçage des contacts, ni l’application SwissCovid ne se sont avérés très utiles. Il n’est alors guère surprenant que bien avant que le Conseil fédéral n’ait communiqué sa décision, la Commission économique du Conseil national s’était déjà prononcée contre la fermeture des magasins et l’obligation de travailler à domicile.

Le Parlement s’est retiré de la course. (Wikimedia Commons)

De nombreux cantons ont également réagi contre ces restrictions. Néanmoins, le Conseil fédéral a maintenu ses décisions. Au sein des partis bourgeois, l’impuissance des parlementaires était palpable. L’UDC a même ouvertement critiqué le Conseil fédéral en l’accusant d’avoir été «insensible» face aux décisions des CER.

Toutefois, le Parlement est le seul et unique responsable de l’inefficacité de ses interventions. Le Conseil fédéral n’a qu’un devoir d’information et de consultation auprès des commissions du Parlement. Le gouvernement a le droit de mettre en place des mesures de grande ampleur pour lutter contre la pandémie. A l’origine : la loi Covid-19, adoptée par le Parlement en septembre 2020 (et déjà amendée une nouvelle fois en décembre 2020). Lors de cette crise, le Parlement s’est retiré de la course à deux reprises. A la mi-mars, lors de la première vague, les bureaux des deux conseils ont ordonné l’annulation de la session de printemps par mesure de précaution.

L’association «Amis de la Constitution», créée il y a moins d’un an, a lancé avec succès un référendum sur la loi Covid-19. Alors que le Conseil fédéral a rapidement décrété des mesures sévères et restrictives pour lutter contre le virus, il prend son temps pour traiter la question de ce référendum. Le gouvernement a en effet fixé la date du 13 juin 2021, au lieu du 7 mars, date initialement prévue pour le prochain vote ordinaire. Cette prolongation est fixée par le délai prévu par la loi. D’ici l’été toutefois, on devrait avoir pris le dessus sur la pandémie (espérons-le) grâce à la vaccination efficace et complète de la population.

Si l’on souhaite que la population, habituée au processus de démocratie directe, soutienne les mesures de plus en plus controversées prises par la «Berne fédérale», il faut d’abord qu’il y ait un débat et des discussions sur ces dernières, et ce dans les deux chambres. C’est vrai pour les mois à venir mais aussi pour les prochaines crises. En tant qu’organe représentatif du peuple, le Parlement ferait donc bien de s’impliquer davantage dans le processus décisionnel.

Cet article est paru le 24 janvier 2021 dans la Handelszeitung.