Lorsqu’Avenir Suisse a organisé son sixième International Think Tank Summit sur le thème «Challenges of a multipolar world» début 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’avait pas encore eu lieu. L’accent avait été donc mis sur la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis et l’impact de cette opposition dans divers domaines politiques. Quatre panels ont été organisés sur le commerce et les investissements, la technologie et la sécurité, la géopolitique et les institutions, ainsi que le rôle des petites économies ouvertes.

Les extraits vidéo de ces discussions font l’objet d’articles séparés. Nous avons déjà publié le discours de Peter Grünenfelder et du chancelier Walter Thurnherr (ici), ainsi que le discours d’ouverture et le panel sur le thème «commerce et investissements» (ici).

Dans ce panel sur la technologie et la sécurité, Tim Rühling, collaborateur scientifique de l’institut allemand de politique étrangère (Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik), a parlé de la géopolitique des technologies et des normes techniques. Il a notamment évoqué le fait que l’interdépendance générée par la mondialisation n’est plus considérée comme une force stabilisatrice dans les affaires internationales. Un changement de paradigme a eu lieu : certains aspects, tels que la connectivité mondiale, ne sont plus considérés comme un motif de coopération, mais sont utilisés comme une arme pour obtenir un avantage sur les autres.

Ce changement peut être attribué à plusieurs facteurs, notamment les deux suivants :

  • La montée en puissance de la Chine Auparavant, il n’y avait pas d’autre solution que de suivre l’exemple des Etats-Unis et d’accepter les normes et standards américains. C’est ce qui a conduit à un réajustement global des Etats, qui ne reposait toutefois pas sur un consensus, mais sur le fait qu’aucune alternative n’était envisageable. Avec l’essor de la Chine, les normes sont entrées en concurrence les unes avec les autres.
  • La transformation numérique de l’économie, de la sécurité et de la société Grâce au développement technologique, la puissance et l’influence d’un pays ne dépendent plus uniquement de sa force militaire, mais aussi de sa capacité à contrôler les réseaux. Cela crée des opportunités pour des pays qui n’étaient traditionnellement pas considérés comme puissants.

Après le discours de Tim Rühling, Fabio Rugge, Senior Associate Fellow à l’ISPI et représentant permanent adjoint de l’Italie auprès de l’OTAN s’est joint au débat. La discussion était modérée par Teresa Hug Alonso, Researcher chez Avenir Suisse.

Dans son discours d’ouverture, Fabio Rugge a expliqué les dangers de la cybersécurité en prenant l’exemple de la 5G, qui «s’apparente à un système nerveux reliant toutes les facettes de la société. Si une puissance étrangère contrôle cette technologie, il y a un risque très élevé qu’elle puisse pirater le réseau, comprenne ce que l’on fait, et obtienne des informations stratégiques importantes». Il s’agit d’une menace classique d’espionnage. Mais le risque de sabotage existe aussi : si nous sommes dépendants d’une puissance étrangère, que se passe-t-il en cas de crise ? Pouvons-nous compter sur la puissance étrangère pour continuer à nous fournir la technologie en question ?

Dans les vidéos, vous découvrirez comment les participants au débat entendent relever les défis et quel rôle les normes techniques peuvent jouer dans ce contexte.