En principe, ce 15e Symposium de Zermatt devait être le dernier. Au programme de cette édition, les relations entre Allemagne et Suisse. L’événement a été un tel succès que personne ne veut vraiment croire à sa fin.
Malgré un soleil brillant pendant trois jours, une ombre planait sur ce 15e Symposium de Zermatt: l’édition 2011 devait être la dernière. L’événement a été fondé par un groupe de professeurs allemands il y a un quart de siècle. Avenir Suisse s’est chargé de son organisation pendant les dix dernières années. Pour conclure en beauté, les organisateurs avaient choisi le thème «Allemagne – Suisse: voisins, partenaires, rivaux». Le cadre était, pour un colloque académique, peu ordinaire: les restaurants de montagne Rothorn, Sunnegga et Riffelberg. Des conférenciers de haut niveau ont analysé les relations entre les pays dans les domaines de la politique, de l’économie, des médias et de la société. Un dossier contenant les contributions et les entretiens du symposium va paraître dans l’édition d’octobre du «Schweizer Monat». Les différents rapports sont d’ores et déjà disponibles (en allemand) sur le site Web d’Avenir Suisse.
Voici donc, quelques extraits:
La crise de l’endettement de la zone euro a particulièrement occupé les participants, parmi eux le Prof. Joachim Starbatty, jadis meneur de l’opposition contre l’introduction de l’Euro. Les participants aux débats se sont montrés inquiets, notamment en ce qui concerne les conséquences pour la Suisse:
«Je ne comprends pas qui a pu avoir l’idée illusoire des Euro-obligations. Les décisions au niveau de la gouvernaance européenne se feraient alors de façon antidémocratique, sans prendre de responsabilité par rapport à la politique fiscale commune. Contrairement au principe ‹no taxation without representation›, les parlements nationaux ne pourraient alors plus décider. En pratique, il n’y aurait plus de limites à l’endettement.» Prof. Otmar Issing, ancien chef-économiste de la Banque Centrale Européenne
«C’est la situation financière européenne qui est en crise, non pas l’Euro en tant que monnaie. Un endettement excessif ne peut guère être évité. Par contre, je déconseille de miser sur la désintégration à court terme de la zone euro. En premier lieu, l’Euro est une construction politique. Et la politique fera tout pour garder en vie la monnaie unique. La force du franc est l’expression de la crise internationale, aussi aux États-Unis.» Prof. Ernst Baltensperger, Centre d’Études de Gerzensee de la Banque Nationale Suisse
Au centre des relations économiques se trouve, bien sûr, l’accord fiscal avec l’Allemagne paraphé, mais pas encore ratifié. Le Président du Conseil d’administration de Swiss Re, Walter Kielholz, s’est montré optimiste quant à l’avenir de la place financière suisse. Un autre initié a partagé cet optimisme:
«L’accord fiscal est sûrement une bonne idée. J’étais surpris par les dimensions que le phénomène de l’évasion fiscale avait pris en Allemagne: de l’artisan avec son demi-million d’argent gagné au noir aux dépôts transférés d’une génération à l’autre pendant des décennies – les cas de figure sont variés. Cet accord règle les problèmes de beaucoup de monde. Ces gens vont enfin mieux dormir.» Dieter Bohnert, partenaire de l’étude d’avocats Heuking Kuhn Luer Wojtek
Dans un podium captivant, le CEO de Tamedia, Martin Kall, le CEO de la FAZ, Tobias Trevisan, et les journalistes Eric Gujer et Peer Teuwsen se sont prononcés sur les problèmes de la presse écrite, allemande et suisse. Les quatre représentants des médias qui connaissent bien les deux pays ont également abordé le sujet du changement du public:
«Pendant les années 1980, le paysage des médias était foncièrement différent. Pendant qu’en Allemagne, la fin des journaux commençait, en Suisse, la presse régionale fragmentée était perçue comme ‹zone protégée par la démocratie›. À l’époque, le journalisme suisse était moins hystérique, plus réfléchi, et plus orienté vers l’international que l’allemand. Entretemps, ces différences se sont largement égalisées.» Eric Gujer, NZZ
Peu de points d’achoppement entre les deux pays ont pu être discernés – ce qui peut être préoccupant aux yeux d’un diplomate:
«Ce manque de problèmes me préoccupe: comment expliquer à Berlin qu’on doit voyager en Suisse à l’avenir?» Andreas von Stechow, ancien ambassadeur d’Allemagne en Suisse
Vu la bonne ambiance, beaucoup de participants ne voulaient pas accepter que cela fût le dernier Symposium de Zermatt. Il doit être repris sous forme appropriée.
D’autres articles sur le 15e Symposium de Zermatt sont disponibles (en allemand) sous les liens suivants:
Verliert die Schweiz ihre politische Kultur?
Schweizer Medien müssen sich auf Schweizer Tugenden besinnen
«Alle haben Probleme – sie lassen sich mit dem Steuerabkommen lösen»
Ein Österreicher schaut auf Deutsche und Schweizer
Die Schweiz als Vorbild in der Wirtschaftspolitik
«Mit den Euro-Bonds hört die Begrenzung der Verschuldung praktisch auf»