Comme l’illustre une vidéo de l’Université de Saint-Gall (disponible en allemand ou en anglais), le contrat de générations comprend bien plus que le seul financement de la prévoyance vieillesse. Cette vue d’ensemble ne doit pas être omise du discours politique. Mais ce n’est pas un non plus «passe-droit» pour une extension des prestations de l’AVS aux seuls frais des générations actives.
Le projet de loi pour une réforme de la prévoyance vieillesse, discuté à la session d’automne du Conseil des États a relancé la question de la justice intergénérationnelle. A quelles prestations les retraités ont-ils droit ? Et qui devrait les financer ? Le consensus politique actuel vise le maintien du niveau de prestations. Dans l’AVS, c’est la TVA qui devrait tout d’abord être augmentée pour atteindre cet objectif. D’un point de vue générationnel, cette forme de financement est la meilleure solution, car elle met à contribution autant les jeunes que les plus âgés. En revanche, l’extension de l’AVS prévue (840 Fr. par année pour les célibataires et 2712 Fr. pour les couples) pour les futurs retraités (les retraités actuels ne bénéficieront d’aucun ajustement) enfreindrait clairement le contrat de générations, car elle serait financée par des cotisations salariales, c’est-à-dire uniquement par les actifs. De plus, le financement de cette extension du 1er pilier ne serait plus pérenne à partir de 2030. En d’autres mots : ceux qui financent aujourd’hui cette extension peuvent à peine compter sur une contrepartie dans 15 ans, car la prochaine réforme sera déjà nécessaire.
L’extension de l’AVS prévue est volontiers dépeinte par les politiciens de gauche comme une compensation de la baisse du taux de conversion. Mais cette affirmation doit être clairement réfutée. Grâce à une règle transitoire valable jusqu’en 2033, tous les citoyens âgés aujourd’hui de 47 ans et plus n’auront pas à déplorer une réduction de rentes dans leur 2e pilier. Par contre, leur rente AVS devrait être augmentée dès l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, et non pas après la période transitoire : il ne s’agit donc pas d’une mesure de compensation, mais véritablement d’une extension de l’AVS.
Le contrat de générations ne saurait se réduire seulement à la prévoyance vieillesse, il est bien plus complexe et varié. Dans le domaine privé, il se rapporte entre autres à l’éducation des enfants par leurs parents et grands-parents, ou encore aux soins administrés aux personnes âgées par leurs enfants. Dans le domaine public, il comprend aussi la formation scolaire et professionnelle et les infrastructures sanitaires. Tous ces liens complexes sont illustrés dans une vidéo du professeur Martin Eling, coauteur du livre «Vers un nouvel équilibre des générations».
Le vieillissement de la population affecte les relations générationnelles tant dans le domaine privé que dans le domaine public. Le passage à la retraite des baby-boomers aura un impact capital, personnel et financier, sur les générations subséquentes. Nous avons alors besoin d’un ensemble de mesures qui assurerait la solidarité entre les générations. Martin Eling, comme Avenir Suisse, plaide pour une augmentation par étape de l’âge de la retraite, pour un frein à l’endettement dans les assurances sociales et pour une nouvelle forme de financement des soins aux personnes âgées.